Les PME redoutent de subir le plein impact de la crise en 2009

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é Novelli, secrétaire d’Etat chargé des PME, et René Ricol, médiateur du crédit le 7 novembre 2008 à Bordeaux (Photo : Patrick Bernard)

[09/01/2009 08:28:31] PARIS (AFP) De nombreuses PME entament l’année 2009 avec anxiété, alors que le plein impact de la crise ne s’est sans doute pas encore fait sentir, et qu’elles auront sans doute plus de mal à encaisser le choc que les grandes entreprises.

“Je suis inquiet pour la première fois de ma vie !”, lance Kara Mendjel, qui dirige la STAF, premier transporteur frigorifique d’Ile-de-France.

“La baisse des prix du gazole nous a donné un petit ballon d’oxygène mais pas assez pour compenser le recul de l’activité et la baisse des tarifs que réclament nos clients”, ajoute-t-il.

Début 2008, enhardi par des perspectives de croissance réjouissantes, ce patron avait acheté plusieurs camions. Il le regrette aujourd’hui. “C’était beaucoup plus qu’il n’en fallait”, reconnaît-il, se disant “pris au piège” face à un marché “saturé”.

“Inquiétude”, “attentisme”. C’est aussi par ces mots que Jean-Eudes du Mesnil, le secrétaire général de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME), résume l’état d’esprit de nombreux adhérents.

Certains secteurs sont d’ailleurs déjà sinistrés, juge-t-il, comme le transport routier, l’emballage, la publicité, l’hôtellerie-restauration, la sous-traitance industrielle, notamment automobile.

“Malheureusement, le plus dur est devant nous”, avance Pierre Simon, le président de la Chambre de commerce et d’industrie de Paris. Si pour l’instant, “ça ne s’est pas bousculé au portillon” de la cellule de soutien mise en place pour Paris et la petite couronne, seule une centaine d’entreprises ayant soumis des difficultés de financement, il va y avoir, selon lui, une nette “montée en régime” dans les prochains mois.

Pour le président de l’Union professionnelle artisanale (UPA), Pierre Martin, les perspectives au premier trimestre s’annoncent aussi “plutôt moroses”, notamment dans le bâtiment, où les carnets de commande se sont nettement dégarnis. Dans ce secteur, la visibilité pour 2009 se situe ainsi entre trois et quatre mois seulement, contre six mois en septembre 2008, selon la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb).

Pour compenser la baisse d’activité, la Capeb compte notamment sur un essor des travaux de rénovation thermique dans les logements pour répondre aux objectifs du Grenelle de l’environnement.

“Parce qu’ils travaillent le plus souvent avec des particuliers, les artisans auront plus de facilité à surmonter la crise que des PME dépendantes de grands donneurs d’ordre qui ne passent plus aucune commande”, estime le président de l’UPA.

“Les artisans ont été les premiers à tirer la sonnette d’alarme l’an dernier face à une baisse de la consommation”, rappelle pour sa part Karine Berger, directrice des études économiques chez Euler Hermès SFAC. “Désormais, ce sont les PME qui subissent de plein fouet la diffusion de la crise via la baisse des commandes et l’effondrement des exportations”.

Et contrairement aux grosses entreprises, qui ont une trésorerie suffisante et assez de souplesse pour réduire leurs coûts, “pour les petites structures, c’est beaucoup plus difficile de résister à ces chocs”, estime l’économiste.

Jérôme Frantz, dirigeant de Frantz Electrolyse, un sous-traitant automobile, affirme, lui, avoir déjà subi “une baisse considérable” de son activité en fin d’année.

Après les arrêts de production décidés par les grands groupes automobiles, “on a perdu en un mois tout ce qu’on avait gagné en 2008”. “Alors”, espère-t-il, “notre pain noir, on l’a déjà mangé”.