éhicules du groupe Renault de 2004 à 2008 (Photo : null) |
[09/01/2009 16:33:00] PARIS (AFP) L’industrie automobile, laminée par la crise internationale, continue d’entraîner dans sa chute l’ensemble de la production française qui est retombée en novembre à son niveau le plus bas depuis près de dix ans.
La production industrielle a baissé de 2,4% en novembre par rapport au mois précédent après s’être déjà effondrée de 3,7% en octobre (chiffre révisé en baisse), a annoncé vendredi l’Institut national de la Statistique.
“Catastrophique!”, résume l’économiste Marc Touati, qui souligne qu’après “déjà trois trimestres de récession”, la production est en baisse de 9% par rapport à novembre 2007, “un plus bas historique” depuis la création en 1981 de l’indicateur de l’Insee servant à la mesurer.
“Ce qui est extraordinaire dans la période récente n’est pas tant le déroulement de la crise en elle-même que son extrême violence”, renchérit Nicolas Bouzou, économiste chez Asterès, relevant que “le niveau de production dans l’industrie est retombé en novembre à son niveau le plus bas depuis août 1999.”
“La fermeture provisoire de la plupart des usines automobiles sur le territoire a plombé l’activité d’ensemble et ne sera pas sans conséquences sur les chiffres de la croissance” au quatrième trimestre, analyse Alexander Law (Xerfi), qui s’attend à une baisse du PIB “considérable”.
Après avoir plongé de 22,2% en octobre, la production du secteur automobile, qui fait face à une chute de la demande, a encore reculé de 8,1% en novembre et “nous savons déjà que décembre n’aura pas été meilleur”, note M. Law.
Le groupe Renault (marques Renault, Dacia et Samsung) a ainsi enregistré une chute de 4,2% des ses ventes mondiales en 2008, dont -28,5% pour les voitures et véhicules légers sur le seul mois de décembre.
“Les usines reprennent le travail progressivement en janvier, donc il y aura forcément une correction haussière en ce début d’année, mais elle ne devrait pas être de nature à compenser intégralement la perte d’activité de ces derniers mois”, estime Alexander Law.
La production de biens intermédiaires, très liée à la filière automobile, est elle aussi au plus mal, en baisse de 5,6% en novembre après -3,3% le mois précédent. Et la baisse dans ce secteur touche tous les segments, en particulier les produits chimiques (-9,0%) et métalliques (-6,1%) utilisés par les constructeurs automobiles, selon l’Insee.
“Globalement, les industriels ont engagé des mouvements de déstockage extrêmement puissants. Devant les difficultés d’accès aux crédits bancaires à court terme, tout doit être fait pour alléger les tensions sur la trésorerie. Dit de façon triviale: on cesse de produire pour vider les usines”, explique Nicolas Bouzou, pour qui la production repartira légèrement “quand les entrepôts seront vidés”, sans doute dès le deuxième trimestre 2009.
L’automobile, dont les exportations seront déficitaires en 2008 pour la première fois de son histoire, a également pesé sur le déficit commercial français, les exportations de véhicules et d’équipements ayant encore ralenti en novembre. Et la hausse des exportations aéronautiques et pharmaceutiques n’a pas suffi à compenser ce phénomène.
La production de biens d’équipement résiste, elle, encore à la crise (-0,5% en novembre, après -1,8%), notamment la branche des transports (+1,0% dans les bateaux, avions, trains et motos). Mais les équipements électriques et électroniques accusent une baisse de 2%.
Quant aux biens de consommation, ils parviennent tout de même à progresser (+0,8%) grâce au soutien des produits pharmaceutiques, de parfumerie et d’entretien.