éroport de Fiumicino, le 18 décembre à Rome (Photo : Andreas Solaro) |
[09/01/2009 21:02:33] ROME (AFP) La nouvelle Alitalia, sauvée de la faillite par le gotha du patronat italien, va prendre son envol mardi et devrait officialiser d’ici là son alliance avec Air France-KLM, épilogue d’un feuilleton qui a tenu la Péninsule en haleine pendant des mois.
Le premier vol de la nouvelle compagnie, issue de la fusion des activités de transport de passagers d’Alitalia et de la deuxième compagnie italienne Air One, partira de l’aéroport de Londres-Heathrow à 06H00 GMT pour Rome-Fiumicino.
Ce nouveau départ intervient après près d’un an de rebondissements pour la compagnie, laissée au bord du gouffre par le retrait en avril de l’offre de rachat d’Air France-KLM, négociée avec le gouvernement de centre-gauche de Romano Prodi, face à l’hostilité des syndicats.
Ironie du sort, Silvio Berlusconi qui avait contribué à torpiller cette offre avant de lancer un appel aux patrons italiens pour qu’ils sauvent la compagnie au nom de la défense de l'”italianité”, va voir revenir les franco-néerlandais dans le jeu.
Le conseil d’administration d’Air France-KLM a donné vendredi son feu vert à une prise de participation dans Alitalia, a indiqué une source proche du dossier à l’AFP.
Selon la presse, la compagnie devrait débourser environ 300 millions d’euros pour une part de 25%.
Alitalia, qui fait partie comme le groupe franco-néerlandais de l’alliance SkyTeam, devrait réunir son conseil lundi afin d’officialiser ce partenariat.
L’allemande Lufthansa, également intéressée et qui avait les faveurs de M. Berlusconi, n’a pas fait d’offre formelle à Alitalia.
Roberto Colaninno, PDG de Piaggio, les Benetton, Emma Marcegaglia, “patronne des patrons” de la Péninsule: le gotha du patronat italien, attiré par les conditions alléchantes du gouvernement, a investi un peu plus d’un milliard d’euros pour reprendre Alitalia et compte faire revenir la compagnie à l’équilibre en deux ans.
Après plus de deux mois de négociations tendues avec les syndicats, durant lesquelles l’alliance des entrepreneurs était allée jusqu’à jeter l’éponge, l’accord de rachat a été formellement signé mi-décembre.
Romano “Prodi avait vendu Alitalia dans un contexte clair et favorable à notre compagnie, le gouvernement Berlusconi l’a en revanche vendue au rabais (…) déchargeant sur les épaules des Italiens un poids de 3 milliards d’euros”, a dénoncé jeudi le leader de l’opposition de gauche Walter Veltroni.
Une grande partie des dettes d’Alitalia va en effet rester à la charge de l’Etat. Augusto Fantozzi, le commissaire extraordinaire nommé au moment de la mise sous tutelle fin août devrait cependant en rembourser une partie grâce à la vente des activités qui n’intéressent pas les repreneurs, comme la maintenance et le fret.
L’Etat va prendre également en charge pendant sept ans les indemnités des salariés licenciés, qui sont plus de 3.000.
La nouvelle Alitalia, qui emploiera 12.000 personnes, aura un réseau allégé par rapport à l’ancienne. Avec 148 avions et 670 vols quotidiens prévus, elle desservira 70 destinations: 23 nationales, 34 internationales et 13 intercontinentales.
Une très grande partie des vols internationaux se fera au départ de Rome mais les repreneurs ont promis d’accroître le nombre de vols long-courrier depuis Milan-Malpensa, notamment afin de contenter la Ligue du Nord, allié politique de Silvio Berlusconi.
Les détenteurs d’actions Alitalia, suspendues depuis le mois de juin, pourraient se retrouver de leur côté spoliés, les repreneurs n’ayant pas prévu de réintroduction en Bourse avant trois ans.