Citigroup : l’ancien secrétaire au Trésor Robert Rubin démissionne

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étaire au Trésor Robert Rubin, conseiller spécial de Citigroup, le 13 mars 2007 à Washington (Photo : Chip Somodevilla)

[09/01/2009 22:02:46] WASHINGTON (AFP) L’ancien secrétaire au Trésor Robert Rubin, très critiqué pour sa responsabilité dans la déconfiture de Citigroup, qu’il conseille depuis près de dix ans, a annoncé sa démission avec effet immédiat, a annoncé vendredi la grande banque américaine.

M. Rubin occupait une fonction sur mesure de conseiller spécial, sans responsabilité exécutive au sein de la banque new-yorkaise.

Il reste pour l’heure membre du conseil d’administration mais ne demandera pas sa réélection lors de la prochaine assemblée générale des actionnaires.

Cité dans un communiqué de la banque, M. Rubin a expliqué qu’à 70 ans passés, il était désormais temps pour lui “de procéder à ces changements”.

“Reconnaissant que mon temps n’est pas infini, j’ai envie de m’impliquer davantage dans des activités extérieures et dans des organisations où j’ai toujours été très engagé”, a-t-il expliqué dans une lettre adressée au directeur général de Citigroup Vikram Pandit et diffusée à la presse.

M. Rubin, qui faisait partie de l’équipe économique de Barack Obama avant l’élection de ce dernier à la présidence américaine, cite parmi ses centres d’intérêts plusieurs projets de développement et de réduction de la pauvreté, comme celui animé par l’ancien secrétaire général des Nations-Unies Kofi Annan.

M. Rubin avait rejoint Citigroup en octobre 1999, peu de temps après avoir quitté ses fonctions de 70ème secrétaire au Trésor.

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ège de Citibank le 17 novembre 2008 à New York (Photo : Emmanuel Dunand)

Il a été très attaqué par les médias qui lui reprochent d’avoir poussé la banque à accroître son exposition aux produits financiers à risques, à un moment où le monde de la finance new-yorkaise engrangeait année après année des profits records. Mais M. Rubin a toujours plaidé que la crise actuelle avait un caractère exceptionnel et que personne n’y était véritablement préparé.

“Mon grand regret”, a-t-il écrit à M. Pandit, “est de ne pas avoir perçu –comme beaucoup d’entre nous qui sont actifs dans cette profession depuis longtemps– la possibilité des circonstances extrêmes auxquelles le système financier doit faire face aujourd’hui”. Mais il se dit persuadé que M. Pandit a pris les mesures adéquates “pour passer ce cap difficile”.

Selon le quotidien Wall Street Journal, M. Rubin a touché 115 millions de dollars d’émoluments, en excluant ses stocks-options, depuis qu’il a rejoint Citigroup. Nombre de commentateurs avaient jugé cette rémunération extravagante pour un cadre n’exerçant pas de fonction opérationnelle, même si M. Rubin a pu faire profiter la banque d’un carnet d’adresses contacts bien fourni.

Cette rémunération était d’autant plus polémique que, sur ses quatre derniers trimestres d’activité, la banque new-yorkaise a enregistré plus de 20 milliards de dollars de pertes. Elle a encore reconnu jeudi qu’elle risquait de perdre 1,4 milliard dans les déboires du chimiste LyondellBasell.

Aujourd’hui, Citigroup vaut 36 milliards de dollars en Bourse, soit moins que les 45 milliards que le gouvernement à dû y injecter depuis l’automne pour lui permettre de poursuivre ses activités.

Dans sa lettre, M. Rubin évoque le “travail qu’il reste à faire” à M. Pandit pour ramener définitivement la banque sur la voie de la rentabilité.

Selon le Wall Street Journal, Citigroup envisagerait de vendre sa filiale de courtage et de gestion d’actifs Smith Barney à un acquéreur qui pourrait être la banque d’affaires Morgan Stanley. L’opération pourrait passer par la constitution d’une société commune aux deux groupes.

Un tel désengagement changerait radicalement la physionomie du groupe, qui se voulait un “supermarché de la finance” actif sur tous les métiers de la banque. D’après le quotidien, Citigroup “n’a pas exclu de changement supplémentaire dans sa structure et ses opérations” et examine également la possibilité de céder sa très rentable filiale mexicaine, Grupo Financiero Banamex.