L’Europe attend toujours son gaz, nouvelles frictions et retards en vue

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à la centrale de stockage de gaz de Nüttemoor (Allemagne), le 9 janvier 2009 (Photo : David Hecker)

[11/01/2009 16:06:05] MOSCOU (AFP) La perspective d’une réouverture immédiate des vannes de gaz russe, espérée par l’Europe, paraissait de plus en plus en incertaine dimanche, la Russie invoquant des problèmes de procédure retardant le déploiement des observateurs chargés de surveiller le transit gazier.

Tout paraissait pourtant bien engagé après la signature, arrachée de haute lutte par la présidence tchèque de l’Union européenne, d’un accord pour le déploiement d’observateurs chargés de surveiller le transit gazier en Ukraine, condition essentielle à la reprise des livraisons de gaz russe à l’Europe.

“Cela devrait enfin permettre la reprise des livraisons de gaz russe à l’UE”, a souligné le président de la Commission Jose Manuel Barroso dans un communiqué dimanche, insistant sur l’urgence de “voir ce gaz circuler immédiatement vers l’UE”.

Dans la nuit de samedi à dimanche le ministre tchèque de l’Industrie et du Commerce, Martin Riman, avait estimé que les livraisons de gaz vers l’Europe pourraient “reprendre dimanche si tout le monde travaille à 100%”.

Mais aucun responsable russe ne s’est engagé jusqu’ici sur la moindre date. Pire, le porte-parole de Gazprom, Sergueï Kouprianov a douché les espoirs en déclarant à la télévision russe que le travail des observateurs était “retardé”, car la Russie n’a pas reçu “par les canaux officiels l’accord signé par toutes les parties”.

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ï Miller, le 10 janvier 2009 à Novo Ogarevo, près de Moscou (Photo : Yuri Kadobnov)

“Aujourd’hui à 16H00 (13H00 GMT), le gouvernement russe n’avait pas reçu le document entier avec les signatures de tous les partenaires”, a renchéri peu après le vice-Premier ministre Igor Setchine lors d’une rencontre avec le président Dmitri Medvedev, selon des images de la télévision russe.

M. Medvedev lui a répondu que la Russie “relancerait le transit dès que seront remplies les deux conditions” déjà connues : la signature par toutes les parties de l’accord de surveillance du transit dans sa version “signée par la Russie” et “la présence de fait des observateurs” sur place.

Selon une journaliste de l’AFP voyageant avec eux, trois observateurs européens, dont des représentants des groupes énergétiques français GDF-Suez et allemand E.ON Ruhrgas, sont pourtant arrivés dimanche après-midi depuis Kiev à la station de contrôle de Soudja (ouest de la Russie).

Mais ils n’ont pu commencer leur travail immédiatement et ont fait état d’une certaine confusion sur place.

D’autres équipes ont également été dépêchées depuis la capitale ukrainienne vers d’autres stations de contrôle, notamment à l’est et au sud de l’Ukraine.

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éens entourent un membre de la Commission Européenne (au micro), le 9 janvier 2009 à Kiev (Photo : Genia Savilov)

Les experts auront pour tâche de s’assurer qu’aucun volume n’est subtilisé pendant le transit. La Russie avait justifié la coupure totale de ses exportations via l’Ukraine mercredi par les “vols” dont Kiev se serait rendue coupable.

Une fois les vannes rouvertes, le gaz russe devrait mettre environ trois jours à parvenir jusqu’aux clients européens, ont averti les dirigeants de l’UE.

Plusieurs pays d’Europe centrale et balkanique, dépourvus de réserves, ont dû faire face cette semaine à de graves difficultés pour fournir de l’énergie, laissant notamment des centaines de milliers de personnes sans chauffage alors que sévissait justement une vague de froid sur le continent.

Si l’Europe peut encore espérer un retour rapide à une situation normale, pour Moscou et Kiev le fond du problème reste entier : les deux gouvernements continuent de se déchirer sur la question du tarif pour le gaz à payer en 2009 par l’Ukraine et sur le montant des arriérés de paiement de cette dernière.

Les négociations entre Moscou et Kiev à ce sujet n’ont “abouti à rien en trois jours de négociations”, a déploré samedi le président de la société nationale ukrainienne d’hydrocarbures Naftogaz, Oleg Doubina.