Crise du gaz : dans le froid, l’Europe s’impatiente et organise l’entraide

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éparation de seaux de charbon pour chauffer une maison à Donetsk, en Ukraine, le 11 janvier 2009 (Photo : Alexander Khudoteply)

[11/01/2009 18:10:09] VIENNE (AFP) L’Europe, en particulier nombre de pays d’Europe centrale et des Balkans, au sixième jour des coupures de gaz russe via l’Ukraine et au plus fort de l’hiver, attend de façon de plus en plus pressante la reprise effective des livraisons après l’accord signé par Moscou et Kiev, sous l’égide de l’Union européenne.

Mais, malgré cet accord, des “problèmes techniques” et de procédure font toujours obstacle à un déblocage de la situation, selon le groupe russe Gazprom.

Des mécanismes d’entraide en faveur des pays les plus touchés, comme la Serbie, la Bosnie, la Slovaquie et la Moldavie, ont été mis en place.

En tout état de cause, après la reprise des livraisons, il faudra un délai de trois jours pour acheminer le gaz vers les pays clients.

– ALLEMAGNE – Approvisionnée en gaz russe via le Bélarus, l’Allemagne livre quotidiennement 3 millions de m3 de gaz à la Serbie et une petite quantité à la Croatie.

– AUTRICHE – L’approvisionnement en gaz des ménages est assuré pour trois mois, selon le ministère de l’Economie. Le pays possède 1,7 milliard de m3 de réserves. Plusieurs centrales au gaz sont passées au fioul et aucune restriction à la consommation n’a été ordonnée.

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éens les plus dépendants du gaz russe

– BOSNIE – Totalement dépendante du gaz russe, la Bosnie, dont un tiers de la population était pendant plusieurs jours privée de chauffage, reçoit depuis samedi le gaz fourni via la Hongrie par la compagnie allemande EON Ruhrgas (1,5 million de m3). Ainsi, tous les ménages sont approvisionnés.

– BULGARIE – Totalement privée de gaz russe, qui représente 92% de sa consommation, la Bulgarie continuait de grelotter dimanche. Plus de 220 usines étaient au ralenti ou à l’arrêt. Le pays peut, selon Bulgargaz, assurer 25 à 30% de ses besoins pendant 110 jours avec ses réserves. Mais Kiev n’a pas été en mesure d’honorer sa promesse de livrer 2 millions de m3/jour de gaz ukrainien.

– CROATIE – Important 40% de ses besoins en gaz de Russie, la Croatie bénéficie depuis samedi de livraisons d’Allemagne et d’Italie, préservant ainsi les consommateurs “protégés”, ménages, hôpitaux et écoles. L’état d’urgence décrété prévoit la coupure de gaz aux plus gros consommateurs industriels. Les réserves locales équivalent à trois semaines de consommation.

– FRANCE – Tension “sans précédent”, selon Gaz de France, alors que l’absence de livraisons de gaz russe a provoqué une baisse de 15% des approvisionnements au moment où la consommation flambait de 40% à cause du froid. GDF dit pouvoir faire face à court terme mais “pas tenir tout l’hiver ainsi”.

– GRECE – La Grèce continue de puiser dans ses réserves pour compenser l’arrêt des livraisons russes, qui représentent 75% de sa consommation de gaz mais seulement 7,5% de ses besoins en énergie. Deux méthaniers transportant suffisamment de gaz naturel liquéfié pour couvrir la consommation jusqu’à fin janvier sont attendus les 11 et 20 janvier.

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à Tenja, à 200km de Zagreb (Photo : Elvir Tabakovic)

– HONGRIE – Entièrement privée de gaz russe via l’Ukraine, la Hongrie, qui consomme quotidiennement environ 65 millions de m3 de gaz, dont 9 millions produits localement, puise dans ses réserves d’environ 3,4 milliards de m3. Les restrictions frappent les consommations supérieures à 2.500 m3/h. A Budapest, la circulation automobile alternée en fonction des plaques minéralogiques paires et impaires a été imposée. La Hongrie reçoit quotidiennement de l’Autriche 4 millions de m3 et en livre 4,7 millions à la Serbie et de plus petites quantités en Bosnie-Herzégovine et Croatie.

– ITALIE – Privée de gaz russe, soit 27% de ses importations, l’Italie puise dans ses réserves, suffisantes pour deux mois. Le gouvernement veut hâter l’extraction de gaz dans le nord de la Mer Adriatique afin de diminuer la dépendance à l’égard des importations.

– MOLDAVIE – Les stocks de gaz de la Moldavie sont épuisés depuis samedi soir et la situation dans la région séparatiste de Transdniestrie est “proche de la catastrophe”, selon le ministre de l’Economie et du Commerce, Igor Dodon. La Moldavie dépend du gaz promis depuis samedi par l’Ukraine.

– POLOGNE – La Pologne continue de recevoir 84% des volumes habituels de gaz russe principalement via le Bélarus, par lequel les livraisons ont été augmentées.

– REPUBLIQUE TCHEQUE – La République tchèque, qui a pris des dispositions pour se faire livrer du gaz norvégien, fournit quotidiennement 4 millions de m3 de gaz à la Slovaquie.

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éaire slovaque de Jaslovske Bohunice, le 16 octobre 2003 (Photo : Joe Klamar)

– ROUMANIE – Privée de gaz russe, la Roumanie a converti des centrales thermiques au mazout. Le distributeur allemand EON Ruhrgas a appelé l’industrie à économiser les ressources et mis en garde contre des “difficultés d’approvisionnement” en cas de prolongement de la crise. Le pays dispose de 60 à 80 jours de réserves.

– SERBIE – Retour à la normale pour les particuliers en Serbie, très affectée par le gel des livraisons russes, grâce à la conversion d’unités au fioul et à la fourniture de 1,7 million de m3 par la Hongrie et de trois millions par l’Allemagne. Les besoins en chauffage devraient être assurés pour les cinq ou sept prochains jours.

– SLOVAQUIE – Privée de gaz russe, son unique fournisseur, la Slovaquie a décrété “l’état d’urgence énergétique” et de strictes restrictions pour le secteur productif, faute de quoi les réserves seraient épuisées en moins de dix jours y compris pour les ménages. La République tchèque a promis de lui livrer 4 millions de m3, soit 15% de sa consommation quotidienne. Le gouvernement, en contradiction avec l’accord d’adhésion à l’UE, a décidé la remise en service de la centrale nucléaire de Jaslovske Bohunice.

– SLOVENIE – Malgré l’arrêt de livraisons de gaz russe, qui représente 60% de son approvisionnement, 40% étant assurés par l’Algérie, la Slovénie parvient à couvrir la consommation des ménages, des entreprises et des administrations en puisant largement dans ses réserves, qui sont encore suffisantes jusqu’au début de la semaine prochaine.