[12/01/2009 06:01:05] MOSCOU (AFP)
ésident de la Commission Européenne, José Manuel Barroso (d) et le PDG de Gazprom, Alexei Miller (g), le 8 janvier 2009 à Bruxelles (Photo : Dominique Faget) |
La Russie a accusé dimanche l’Ukraine d’avoir torpillé un accord ouvrant la voie à une reprise rapide des livraisons de gaz en Europe dont l’interruption affecte de nombreux pays en plein hiver, douchant les espoirs de résolution rapide de la crise.
“Nous sommes obligés de considérer le document signé comme nul et sans valeur pour nous”, a déclaré dans la soirée le président russe, Dmitri Medvedev, accusant Kiev d’avoir ajouté une mention manuscrite sur le texte déjà signé par Moscou, selon la télévision russe.
En conséquence, M. Medvedev a ordonné au gouvernement russe de ne pas appliquer le protocole d’accord arraché de haute lutte la veille par la présidence tchèque de l’Union européenne.
La télévision russe a montré un document présenté comme le texte de l’accord signé par la Russie, l’Ukraine et l’UE, sur lequel figure la mention écrite à la main par la partie ukrainienne: “déclaration à suivre”, comportement qualifié d'”inadmissible” par le Premiuer ministre russe Vladimir Poutine.
La reprise des livraisons de gaz russe en Europe est suspendue à cet accord qui détaille les conditions du contrôle du transit du gaz russe sur le territoire ukrainien vers l’Europe, Moscou ayant suspendu ses livraisons après avoir accusé Kiev de siphonner du gaz destiné aux Européens.
éens entourent un membre de la Commission Européenne (au micro), le 9 janvier 2009 à Kiev (Photo : Genia Savilov) |
Le président de la Commission José Manuel Barroso a toutefois annoncé dans la soirée avoir obtenu de l’Ukraine qu’elle accepte de signer à nouveau l’accord controversé sans l’ajout de la mention manuscrite contestée par Moscou.
Cette mention renvoie à une déclaration additionnelle à l’accord, dans laquelle l’Ukraine estime ne plus être endettée envers le géant du gaz russe Gazprom et rejette les accusations de vol de gaz russe, deux questions au coeur du contentieux bilatéral entre Kiev et Moscou.
Le texte, dont l’AFP s’est procuré des extraits indique que “l’Ukraine n’a aucune dette envers Gazprom” et “n’a réalisé aucune ponction en 2009” sur le gaz acheté par l’Europe.
Sur le fond, d’après la Commission européenne, cette déclaration “ne change rien” à l’accord signé avec Kiev et Moscou sur la reprise du transit du gaz via l’Ukraine. “Ces livraisons doivent donc reprendre comme convenu dès que possible”, a déclaré à l’AFP un porte-parole de la Commission, Ferran Tarrabellas.
Aucune réaction n’a pu être obtenue à Kiev.
Les espoirs d’un règlement de la crise étaient pourtant en bonne voie après la signature de l’accord par l’Ukraine dimanche et par la Russie la veille, lors d’une visite dans les deux pays du Premier ministre tchèque, Mirek Topolanek, dont le pays assure la présidence de l’UE.
Dans la nuit de samedi à dimanche, le ministre tchèque de l’Industrie et du Commerce, Martin Riman, avait estimé que les livraisons de gaz vers l’Europe pourraient “reprendre dimanche si tout le monde travaille à 100%”.
Désormais, la perspective d’une réouverture immédiate des vannes de gaz russe s’éloigne, alors que plusieurs pays d’Europe centrale et balkanique, dépourvus de réserves, ont dû faire face cette semaine à de graves difficultés en pleine vague de froid.
M. Medvedev avait averti que la Russie “relancerait le transit dès que seront remplies les deux conditions” déjà connues: la signature par toutes les parties de l’accord de surveillance du transit dans sa version “signée par la Russie” et “la présence de fait des observateurs” sur place.
Si l’Europe doit encore patienter pour espérer un retour rapide à une situation normale, le fond du problème reste entier pour Moscou et Kiev: les deux gouvernements continuent de se déchirer sur la question du tarif pour le gaz à payer en 2009 par l’Ukraine et sur le montant des arriérés de paiement de cette dernière.