Alitalia doit entériner son alliance avec Air France-KLM avant de redécoller

[12/01/2009 18:30:58] ROME (AFP)

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éroport de Fiumicino à Rome (Photo : Andreas Solaro)

La compagnie italienne Alitalia, reprise par des grands patrons de la Péninsule, a officialisé lundi son alliance avec le franco-néerlandais Air France-KLM, qui prend 25% de son capital, un préalable à son redécollage mardi à l’issue d’un sauvetage mouvementé.

“Le conseil d’administration a approuvé l’offre d’Air France à l’unanimité”, a déclaré le président d’Alitalia, Roberto Colaninno, au cours d’une conférence de presse à Rome.

Air France-KLM va devenir le premier actionnaire de la nouvelle compagnie italienne, issue de la fusion des activités de transport de passagers d’Alitalia et d’Air One, avec une part de 25% qu’il va acquérir pour 322 millions d’euros.

Air France-KLM était “le meilleur partenaire stratégique”, celui qui “correspondait le mieux à nos propositions” et qui a démontré “une détermination et une volonté que les autres” compagnies, l’allemande Lufthansa et la britannique British Airways “n’avaient pas”, a résumé l’administrateur délégué Rocco Sabelli.

“Nous respectons la décision, qui n’est pas une surprise, qu’Alitalia ait choisi une participation financière de son partenaire traditionnel, Air France”, a réagi une porte-parole de Lufthansa.

Cette alliance garantit une autonomie de gestion à Alitalia par rapport à Air France-KLM, qui disposera de trois sièges sur dix-neuf au sein de son conseil d’administration.

La part d’Air France-KLM restera à ce niveau au moins pendant quatre ans, période durant laquelle les actionnaires italiens n’auront pas le droit de céder leurs titres à des étrangers.

L’accord va en outre entraîner des synergies de 720 millions d’euros sur trois ans pour Alitalia, qui dispose d’une clause de retrait si la moitié de ces synergies n’est pas atteinte.

Le groupe franco-néerlandais a tissé des liens étroits avec Alitalia depuis le début des années 2000 et détenait déjà 2% de l’ancienne compagnie avant sa vente mi-décembre à l’alliance de patrons italiens.

Il avait négocié le rachat de la compagnie italienne début 2008 avec le gouvernement de centre-gauche de Romano Prodi mais avait finalement retiré son offre en avril, face à l’hostilité des syndicats.

Ironie du sort, le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi, qui avait contribué à torpiller cette offre en pleine campagne électorale au nom de la défense de l'”italianité”, voit revenir les franco-néerlandais dans le jeu.

La nouvelle Alitalia prendra son envol mardi, un redécollage formel puisque qu’elle ne change ni de logo ni de nom.

Ce nouveau départ met un terme à un feuilleton-fleuve émaillé de nombreux rebondissements, depuis le lancement fin 2006, par le gouvernement Prodi, de la privatisation de la compagnie, détenue à 49,9% par l’Etat et en grande difficulté financière.

Employant 12.000 personnes (le plan de reprise a entraîné plus de 3.000 suppressions de postes), la nouvelle Alitalia aura un réseau allégé par rapport à l’ancienne. Avec 148 avions et 670 vols quotidiens prévus, elle desservira 70 destinations: 23 nationales, 34 internationales et 13 intercontinentales.

Roberto Colaninno, qui est aussi PDG de Piaggio, les Benetton, Emma Marcegaglia, “patronne des patrons” de la Péninsule: le gotha du patronat italien a investi un peu plus d’un milliard d’euros pour la reprendre.

Ces investisseurs ont été attirés par les conditions offertes par le gouvernement et fermement dénoncées par la gauche, comme la reprise par l’Etat de près de trois milliards d’euros de créances.

Ils ont prévu d’éventuellement réintroduire la compagnie en Bourse dans trois ans.