L’accord sur l’assurance chômage fragilisé par un front du refus syndical

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à Issy-les-Moulineaux, le 31 octobre 2008 (Photo : Boris Horvat)

[12/01/2009 18:39:42] PARIS (AFP) Après la CGT et FO, la CFTC a rejeté lundi l’accord sur l’assurance chômage, signé seulement par la CFDT, fragilisant ce texte qui, selon ses détracteurs, n’offre pas aux chômeurs une indemnisation à la hauteur de la crise.

L’avenir de ce texte, qui améliore la prise en charge des salariés précaires aux dépens de ceux ayant travaillé plus longtemps, dépend maintenant de la CFE-CGC et, en dernier ressort, du gouvernement.

Celui-ci doit délivrer son agrément pour l’application de la nouvelle convention, conclue pour deux ans (2009-2010).

La CFE-CGC (cadres) est la seule des cinq confédérations ayant négocié l’accord à ne pas s’être encore prononcée. Elle doit le faire le 20 janvier.

Son représentant Alain Lecanu s’est encore déclaré la semaine dernière “très réservé”, mais la CFE-CGC entend mettre dans l’autre plateau de la balance deux autres accords fraîchement négociés, la formation professionnelle et la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences.

Sans attendre la réponse de la CFE-CGC, la CGT s’est félicitée. “On peut dire que c’est un accord minoritaire, donc la convention ne peut être agréée en l’état”, a commenté pour l’AFP le négociateur CGT Maurad Rabhi. Il a appelé la CFDT, “minoritaire, à être cohérente et à prendre acte” de son isolement.

Stéphane Lardy (FO) a estimé que “si effectivement il y a quatre opposants, cela changera la donne et on verra alors quelle est la réponse du gouvernement”. “J’attends qu’on respecte ceux qui signent, mais aussi ceux qui ne signent pas”, a-t-il ajouté.

A la CFDT, on reconnaît que le gouvernement devra tenir compte de l’opposition de FO, CGT et CFTC, à condition que celle-ci soit “écrite”.

En théorie, la nouvelle convention d’assurance chômage n’a besoin que de la signature d’un syndicat et d’une organisation patronale.

Outre la CFDT, le Medef et l’UPA (artisans) l’ont déjà approuvée mais cela ne lie pas l’Etat.

La décision de la CFTC, une première dans son histoire, a été prise à l’unanimité de son bureau confédéral, a précisé l’une de ses membres, Gabrielle Simon.

La centrale chrétienne, qui fait partie depuis toujours de la majorité de gestion de l’assurance chômage, a considéré cette fois que l’accord n’était “pas à la hauteur de la crise”, alors que l’Insee prévoit une remontée rapide du taux de chômage à 8% d’ici fin juin.

“La CFTC souhaite que le gouvernement dise aux partenaires sociaux: +remettez-vous autour de la table pour rediscuter+”, a affirmé Mme Simon.

La controverse sur les mérites du texte se poursuit entre les syndicats. La CGT a interrogé le régime d’assurance chômage (Unedic) pour évaluer l’impact des nouvelles règles d’indemnisation et divulgué ce chiffrage lundi.

Selon l’Unedic, “globalement”, si ces règles avaient existé en 2007, le nouveau dispositif aurait permis à 70.000 demandeurs d’emploi supplémentaires d’entrer en indemnisation (…) pour un coût supplémentaire de 125 millions d’euros.

Pour la CGT, cela prouve que la nouvelle convention “ne coûte quasiment rien”, et que “la baisse des cotisations est programmée alors qu’on va avoir une montée en puissance du nombre de demandeurs d’emploi”.

FO évalue de son côté à 200.000 le nombre potentiel de chômeurs qui verront leur indemnisation réduite, selon M. Lardy.

Au contraire, pour François Chérèque, secrétaire général de la CFDT, “ce sera pour l’assurance chômage plus de 1 milliard d’euros de dépenses supplémentaires qui seront données à des chômeurs qui vont consommer”.