Actuellement, avec des indicateurs conjoncturels confirmant l’entrée en
récession des grandes économies occidentales, l’affolement des principales
Bourses de la planète et la menace d’une crise systémique dans le système
financier international, l’ensemble des marchés émergents, fleurons
incontestés, depuis deux décennies, de la mondialisation dite «heureuse»,
souffrent des incidences du délire des traders, même s’ils ne devraient pas
être tous touchés de la même façon en raison des différentes postures
managériales adoptées, tout au long de la période euphorique des vaches
grasses, vis-à-vis des capitaux étrangers dont la volatilité, affirment des
analystes, est généralement amplifiée en temps de crise, de défiance et de
basculement des fondements monétaires d’un ordre marchand, à la recherche
d’un repositionnement salutaire, susceptible de garantir, le renforcement,
la consolidation et la pérennité des politiques libérales menées activement
aux quatre coins de la planète depuis le «Waterloo» idéologique du rêve
égalitariste.
Considérés, tout récemment encore dans les rapports des experts du FMI,
comme d’éventuels amortisseurs à la propagation de l’onde de choc
consécutive au krach des principales banques américaines, les zones
émergentes, dont la croissance soutenue était censée tirer celle des pays
industrialisés, se sont soudain transformées en danger majeur pour la
galaxie finance à cause des sorties spectaculaires du capital nomade, du
reflux des fonds souverains, de l’absence subite des liquidités et de
l’assèchement du crédit au niveau mondial, ce qui a poussé le Fonds
monétaire international à ouvrir «une facilité de liquidité» spéciale à
destination des pays émergents en mal d’argent, à l’instar de la Pologne qui
a déjà tiré plus de 10 milliards de dollars, du Mexique demandeur en urgence
de 23 milliards de dollars, d’Ukraine, de l’Argentine et de la Hongrie…
«Notre institution pourrait mettre sur la table jusqu’à 209 milliards de
dollars à la disposition des émergents avec une possibilité d’emprunter à
hauteur de 500% de leur contribution aux caisses du fonds», a déclaré M.
Dominique Strauss Khan, directeur général du FMI, lors de son passage dans
notre pays, à l’occasion de la célébration du cinquantième anniversaire de
la Banque centrale de Tunisie, pour qui le piège s’est refermé sur les Etats
moins robustes qu’elles ne le paraissaient, touchés de plein fouet par la
baisse des importations européennes et américaines, incapables de rembourser
leurs dettes à l’aide d’une monnaie locale affaiblie en raison des
réévaluations subites des taux de change, suite à la déflagration de la
planète boursière.
Finalement, pour le patron du FMI, à la faveur de la nouvelle recomposition
de l’ordre marchand en gestation dans les principales capitales
occidentales, le modèle de croissance, en vogue depuis la révolution
conservatrice Outre-Atlantique, exclusivement fondé sur l’endettement et sur
l’effet de levier de l’endettement, est révolu car, dit-il, il va falloir, à
l’avenir, que chacun paye le prix de ce qu’il consomme, évite d’avoir à
vivre sur le dos des générations futures, s’adapte à un monde de la rareté
après avoir été celui de l’abondance fictive tout en valorisant le travail,
principal ressource des nations qui se respectent dans un monde où la
spéculation, délire euphorique de l’économie de marché, est la version
dévoyé d’un capitalisme, créateur a priori de richesses, d’opportunités, de
libertés et de mobilités au service de l’homme.