La Russie relance l’approvisionnement en gaz de l’Europe

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ère de Soudja à l’ouest de la Russie, près de la frontière ukrainienne, le 12 janvier 2009. (Photo : Sergei Supinsky)

[13/01/2009 08:49:16] MOSCOU (AFP) La Russie a ouvert mardi matin les vannes approvisionnant l’Europe en gaz, tenant ainsi sa promesse, mais le coeur du conflit gazier russo-ukrainien reste entier, Kiev et Moscou n’ayant toujours pas trouvé d’accord sur les livraisons destinées à l’Ukraine.

“Le gaz a déjà atteint l’Ukraine”, a déclaré à l’AFP un porte-parole de Gazprom, Denis Ignatiev.

Kiev a confirmé peu après. “Le gaz russe a commencé à arriver en Ukraine. C’est le gaz destiné à l’Europe”, a dit le porte-parole de la société publique des hydrocarbures ukrainienne Naftogaz, Valentin Zemlianski.

L’Union européenne “salue l’annonce par la Russie que les flux de gaz ont repris dans les tuyaux”, a indiqué le porte-parole de la Commission européenne, Ferran Tarradellas.

Quelques minutes plus tôt, selon des images retransmises sur les chaînes de télévision russes Vesti-24 et NTV, un responsable de la société gazière russe Gazprom, Sergueï Pavlov, donnait l’ordre de relancer les livraisons vers la Turquie, les Balkans et la Moldavie.

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ère de Soudja à l’ouest de la Russie, près de la frontière ukrainienne, le 13 janvier 2009. (Photo : Sergei Supinsky)

“J’ai bien reçu l’ordre, nous le mettons en oeuvre”, a répondu un technicien de Gazprom de la station gazière de Soudja (ouest de la Russie, près de la frontière ukrainienne).

M. Pavlov a déclaré que Gazprom allait pomper dans un premier temps 76,6 millions de m3 par jour, une quantité d’essai encore éloignée des quelque 300 millions de m3 quotidiens que l’Europe recevait via l’Ukraine avant le 1er janvier et le début du conflit gazier russo-ukrainien.

La Commission européenne a parlé lundi de “24 à 40 heures” avant que le gaz arrive aux clients européens. Bruxelles évoquait jusqu’ici un délai allant jusqu’à trois jours.

Le Premier ministre russe Vladimir Poutine avait donné l’ordre lundi soir à Gazprom d’envoyer via l’Ukraine un volume d’essai de gaz vers l’Europe, les conditions fixées par Moscou pour cette reprise ayant été respectées.

Kiev, Moscou et l’Union européenne avaient signé quelques heures avant, après un imbroglio de dernière minute, un accord mettant en place un système de surveillance du transit gazier en Ukraine, la Russie accusant les Ukrainiens de siphonner le gaz destiné à l’Europe.

Des observateurs européens, russes et ukrainiens ont été déployés dans les stations gazières pour mesurer les quantités de gaz entrant et sortant d’Ukraine.

Le “vol” de gaz était la justification russe pour débrancher mercredi les livraisons à l’Europe passant par le territoire ukrainien. Le gaz russe représente un quart de la consommation de l’UE, dont 80% transite par les gazoducs ukrainiens.

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ès de Kiev, le 4 janvier 2009 (Photo : Sergei Supinsky)

Moscou a d’ailleurs prévenu les Européens que si Kiev procédait à la moindre ponction sur le gaz destiné à l’Europe, le transit serait réduit proportionnellement à la quantité siphonnée.

Le conflit gazier est loin d’être fini, l’Ukraine demeurant privée de gaz faute d’un accord sur sa dette envers Gazprom et sur le prix de son approvisionnement pour 2009.

Et des difficultés semblent déjà émerger autour de la question du gaz dit technique, quelque 21 millions de m3 quotidiens qui servent à mettre les gazoducs ukrainiens sous pression.

Pour trouver une solution à la guerre gazière russo-ukrainienne, selon Moscou, le Premier ministre russe Vladimir Poutine et son homologue tchèque Mirek Topolanek ont évoqué lundi l’idée d’un crédit de l’UE et la Russie à Kiev pour payer son gaz.

Les coupures russes, en pleine vague de froid, ont causé des dégâts économiques très importants en Europe, surtout en Slovaquie et en Bulgarie, deux pays de l’UE qui dépendent de Moscou pour la quasi-totalité de leurs besoins en gaz.

Les ministres de l’Energie de l’UE s’étaient réunis de leur côté lundi pour étudier les moyens d’éviter à l’avenir une nouvelle crise. Mais ils n’ont annoncé aucune mesure concrète, relançant seulement l’idée de stocks stratégiques de gaz, comme pour le pétrole.