La crise a précipité les faillites d’entreprises en France en 2008

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à Paris, de panneaux indiquant la mise en vente d’appartements anciens. (Photo : Patrick Kovarik)

[14/01/2009 15:16:14] PARIS (AFP) Ralentissement économique et crise financière ont entraîné en France une hausse des défaillances d’entreprises de plus de 10% en 2008, à des niveaux jamais vus depuis plus de quinze ans, surtout dans l’automobile, l’immobilier et l’hôtellerie-restauration.

Selon les chiffres publiés mercredi par l’assureur-crédit Euler Hermes SFAC, elles ont augmenté de 15% par rapport à 2007, soit la plus forte hausse annuelle enregistrée depuis 1991.

L’an dernier, près de 57.700 entreprises ont fait l’objet d’une procédure collective, qui intervient après un dépôt de bilan lorsqu’une société n’arrive plus à régler ses dettes. Un record depuis 1997 (61.000).

La société Altarès, spécialisée dans l’information sur les entreprises, a recensé de son côté 55.000 défaillances en 2008.

Altarès publiera mardi ses chiffres définitifs, mais elle s’attend d’ores et déjà à une hausse de plus de 10% par rapport à 2007, avec un doublement des faillites au second semestre.

Une dégradation “très brutale, à partir de juillet”, attribué par Thierry Millon, le directeur des études, à la crise financière “qui a privé de trésorerie des entreprises déjà fragiles”.

“Le rythme de défaillances était normal dans la première partie de l’année, mais ensuite, il a nettement accéléré”, témoigne Jean Bois, président du tribunal de commerce de La Rochelle, où les ouvertures de procédures de redressement judicaire ont augmenté de 30% en 2008 par rapport à 2007.

Euler-Hermes SFAC évoque également “l’accélération de la détérioration de l’environnement économique et financier au deuxième semestre en France et à l’international”, pour expliquer la forte hausse des défaillances sur l’année.

Cette tendance a touché l’ensemble des entreprises, sans distinction de taille, même si on note une accélération des défaillances d’entreprises employant plus de 100 salariés (+52%), relève l’assureur-crédit.

“Plus de la moitié des défaillances (30.000) concernent des entreprises de moins de 5 ans, déjà fragiles en temps normal, mais encore plus en temps de crise”, souligne de son côté Thierry Millon.

“Les grosses PME, comptant de 20 à 800 salariés, n’ont pas non plus été épargnées par le ralentissement économique”, ajoute-t-il. “Et lorsque des entreprises de cette taille ferment, les conséquences peuvent être terribles pour le tissu économique local”.

En 2008, le dépôt de bilan du groupe de vente par correspondance Camif Particuliers a notamment marqué les esprits.

Tous les secteurs sont concernés, même si les hausses les plus fortes ont été enregistrées dans l’industrie automobile (+38%) et l’immobilier (+48%), selon Euler-Hermes SFAC. La construction, où les défaillances sont en hausse de 22%, a aussi subi de plein fouet le retournement du marché immobilier.

Dans le transport, le nombre de faillites n’a cessé d’augmenter (+23%) avec une accélération au cours du 4e trimestre 2008, poursuit l’assureur-crédit.

La hausse des défaillances dans l’hôtellerie-restauration et le commerce de détail (respectivement +26% et +23%) confirme par ailleurs “l’essoufflement des dépenses des ménages, lié au ralentissement du pouvoir d’achat de leurs revenus”.

Et “après avoir plutôt bien résisté jusque fin 2008, le secteur de l’industrie va plonger en 2009”, pronostique Thierry Millon.

Pour Karine Berger, directrice des études économiques chez Euler Hermes SFAC, c’est en “mars ou avril” que les faillites risquent d’atteindre un pic, après la diffusion de la crise à l’ensemble de l’économie.