Grandes manoeuvres dans la banque allemande, sous l’oeil de l’Etat

photo_1231946674875-1-1.jpg
à Bonn le 7 juin 2004 (Photo : Henning Kaiser)

[14/01/2009 15:26:01] BERLIN (AFP) Après la fusion entre les allemandes Commerzbank et Dresdner Bank, c’est le mariage entre Postbank et Deutsche Bank qui a été sauvé de justesse mercredi, le tout sous l’oeil de l’Etat allemand, désormais omniprésent dans le secteur bancaire.

Les deux opérations, annoncées en grande pompe à l’automne dernier, devaient enfin lancer la concentration du secteur bancaire allemand, attendue depuis des années, et la suprématie de Deutsche Bank et Commerzbank, respectivement numéro un et deux du secteur bancaire allemand.

Mais entre-temps la crise financière, en faisant fondre les bénéfices des banques et leurs valeurs en Bourse, est venue sérieusement compliquer la donne. Et a obligé en dernier recours l’Etat à faire son entrée au capital de la “Coba” la semaine dernière à hauteur de 25% plus une action, pour assurer sa survie et le rachat de Dresdner Bank.

Moins d’une semaine plus tard, c’est au tour de Deutsche Bank. Elle est parvenue à un nouvel accord avec le groupe de logistique Deutsche Post pour le rachat prévu de sa filiale bancaire, Postbank.

Elle va à présent pouvoir racheter la totalité de la part de la Poste, soit 62,3%, d’ici trois ans, pour un prix total de 4,9 milliards. Plutôt une bonne affaire comparé aux 3 milliards qu’elle avait prévu de débourser initialement pour moins de 30%.

En échange, Deutsche Post va prendre temporairement environ 8% dans Deutsche Bank. Du coup, l’Etat allemand, premier actionnaire de Deutsche Post avec 31% du capital entre indirectement dans le capital de la banque. Ce alors que Berlin n’a jamais caché son approbation face au mariage Deutsche Bank-Postbank.

Pour autant, “il n’y a aucune raison de parler de nationalisation partielle”, s’est défendu le patron de la Post Frank Appel, lors d’une conférence téléphonique.

“Nous n’avons pas l’intention de rester longtemps actionnaire de Deutsche Bank”, a-t-il fait valoir.

“Nous n’avons jamais parlé au gouvernement” et “nous n’avons pas l’intention de lui parler au sujet de Deutsche Bank”, a martelé de son côté le patron de cette dernière, Josef Ackermann, lors d’une autre conférence de presse.

“Cela n’a pas de sens de parler d’une nationalisation rampante de Deutsche Bank par Deutsche Post”, estime aussi Dirk Becker, analyste chez Kepler Equities, interrogé par l’AFP. Il voit dans cet accord “une transaction normale entre deux sociétés indépendantes, il se trouve juste que l’Etat a des parts dans l’une d’elle”.

Les chantiers ne manquent pas pour le gouvernement d’Angela Merkel dans le secteur bancaire.

Berlin va en particulier devoir voler une nouvelle fois au secours d’un autre établissement, Hypo Real Estate. La banque immobilière est passée à deux doigts de la faillite à cause de la crise et n’arrive pas à s’en sortir, malgré des milliards d’euros injectés par l’Etat et d’autres banques.

Dernier scénario invoqué: une entrée de l’Etat à son capital sur le modèle de ce qui a déjà été fait pour Commerzbank.

“Je peux confirmer qu’il y a une réflexions en ce sens”, a déclaré Otto Bernhardt, un des porte-parole parlementaire de la CDU, à l’AFP. La décision pourrait tomber rapidement, selon lui.

“Les discussions ne sont pas closes” sur la nature du soutien à apporter à HRE, s’est contenté pour sa part d’indiquer le porte-parole du ministère des Finances, Torsten Albig.

Selon le quotidien Süddeutsche Zeitung, l’Etat pourrait même prendre une part majoritaire dans la banque afin de s’assurer son contrôle. Une mesure extrême qui serait justifiée par la mauvaise situation sur le marché immobilier, le coeur de métier de Hypo Real Estate.