Le gouvernement au secours des constructeurs automobiles en panne de crédit

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Logo de Peugeot (Photo : Joel Saget)

[14/01/2009 16:31:59] PARIS (AFP) Après les banques, le gouvernement s’apprête à voler au secours des constructeurs automobiles tricolores Renault et PSA Peugeot Citroën, au bord de l’asphyxie financière, et étudie la possibilité d’apporter la garantie de l’Etat pour leur faciliter l’accès au crédit.

“On ne va pas faire un cadeau” aux entreprises du secteur, “ce qu’on veut nous, c’est sauver des constructeurs automobiles”, a assuré mercredi sur BFM le secrétaire d’Etat chargé de l’Industrie, Luc Chatel.

Le déplacement de Nicolas Sarkozy jeudi en Franche-Comté où il va visiter l’usine de PSA à Vesoul pourrait être l’occasion pour le chef de l’Etat de préciser les pistes à l’étude, en attendant les Etats généraux de l’automobile prévus le 20 janvier.

François Fillon a levé mardi un coin du voile sur les réflexions en cours: le gouvernement envisage de “financer presque directement les grandes entreprises automobiles qui n’arrivent pas à trouver sur le marché financier aujourd’hui les sommes dont elles ont besoin”.

“On a réservé 320 milliards d’euros pour les liquidités des banques, pour faire en sorte que les banques puissent prêter”, a rappelé le Premier ministre. “Si cet argent n’arrive pas suffisamment vite” et à des taux “raisonnables”, l’Etat pourrait lui-même “apporter l’argent”.

Malgré les aides massives de l’Etat, les banques rechignent toujours à prêter: “Elles sont frileuses, car elles considèrent que l’automobile est un secteur à risque”, témoigne un professionnel du secteur.

Dans un premier temps, l’Etat a déjà accordé un prêt à taux réduit d’un milliard d’euros à RCI et PSA Finance, les banques filiales des deux constructeurs qui financent les achats de voitures à crédit. Un geste qui avait été annoncé dans le cadre du plan de relance.

Selon le Figaro, le gouvernement pourrait franchir un pas supplémentaire en décidant de faire bénéficier les constructeurs de prêts bonifiés par l’Etat visant à abonder directement leur trésorerie.

Une aide directe de l’Etat pourrait toutefois se heurter aux règles européenne de la concurrence. “Nous travaillons en étroite coordination avec Bruxelles”, a assuré M. Chatel.

Les constructeurs restent très discrets sur leurs tractations avec Bercy: “Les deux groupes automobiles sont en discussions avec le gouvernement afin d’obtenir une aide de l’Etat”, a indiqué une porte-parole de Renault.

Chez PSA, on fait valoir qu'”avant le 30 juin, le groupe n’avait pas besoin de faire appel aux marchés pour exercer son activité automobile, compte tenu de sa santé financière”.

La situation s’est toutefois dégradée au second semestre pour les deux groupes sous l’effet de la crise, qui a freiné les ventes et fragilisé leur trésorerie, même si la prime à la casse mise en place en décembre a atténué l’effondrement du marché.

“Aujourd’hui, ce qui manque le plus cruellement c’est la disponibilité de crédit pour les entreprises, pas que pour Renault, pour fonctionner normalement”, a déclaré vendredi Patrick Blain, directeur commercial de Renault. “On attend de l’Etat qu’il nous aide à trouver ces crédits”.

Pour passer ce cap difficile, Renault planche, selon Le Figaro, sur l’émission d’obligations convertibles en actions, pour environ 3 milliards d’euros, une information que la porte-parole n’a pas confirmée.

Mais une partie des besoins du constructeur “nécessitera un accompagnement de l’Etat”, selon M. Chatel. Il a exclu cependant une augmentation de capital de Renault, dans lequel l’Etat détient toujours une part de 15,01%.