Les chefs-d’oeuvre du Prado visibles à la loupe sur la toile

[14/01/2009 17:11:52] MADRID (AFP)

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ée du Prado à Madrid (Photo : Pierre-Philippe Marcou)

Les chefs-d’oeuvre du musée du Prado à Madrid débarquent en “haute résolution” sur la toile, grâce à un projet de Google Earth, le site d’images satellites du géant américain de l’internet, une “première mondiale” selon les promoteurs du projet.

Cette avancée technologique permet “l’accès à des oeuvres à n’importe qui et depuis n’importe quel endroit du monde”, a expliqué Miguel Zugaza, directeur du Prado, lors d’une présentation.

Les internautes peuvent ainsi se plonger avec minutie dans le Jardin des délices, le fameux triptyque de Jérôme Bosch qui fourmille de personnages ou bien explorer les détails saisissants de réalisme de la Descente de croix de Roger van der Weyden.

“C’est la première fois que cela se fait dans le monde” a souligné le directeur de Google Espagne, Javier Rodriguez Zapatero. En réalité, d’autres musées comme le Louvre proposent déjà aux internautes de voir certaines oeuvres sur internet avec la possibilité de zoomer sur certaines parties mais pas avec une telle qualité d’image.

La nouveauté réside avant tout dans l’alliance entre le Prado et la technologie de Google Earth.

En utilisant les mêmes outils que pour visualiser une image aérienne de sa maison, l’utilisateur du site peut entrer dans chacun des tableaux en zoomant sur les détails, après avoir positionné le navigateur sur le musée du Prado.

La mise en ligne concerne 14 tableaux du musée madrilène dont les Ménines de Velázquez, le Jardin des délices de Jérôme Bosch, le 3 mai de Francisco Goya, les Trois Grâces de Pierre Paul Rubens, l’Artemis de Rembrandt ou en encore le Chevalier à la main sur la poitrine d’El Greco.

Une reproduction “digitale ne peut se substituer à l’oeuvre originale mais nous avons atteint un niveau de résolution prodigieux, qui permet d’arriver à des détails que jamais on ne pourrait voir à l’oeil nu”, a souligné M. Zugaza.

En particulier sur l’un des tableaux, la Descente de croix de Roger van der Weyden, on peut admirer le réalisme extrême d’une larme perlant à l’oeil de Saint Jean, selon la conceptrice du projet, Clara Rivera.

Il est même possible de visualiser les restaurations des tableaux comme celle du Jardin des délices.

Chaque tableau a été l’objet de centaines de clichés à “très haute résolution” avec par exemple 1.600 prises pour le seul Jardin des délices, chaque cliché se concentrant sur une partie infime de l’oeuvre.

Le projet a germé il y a dix mois dans l’esprit de Mme Rivera, employée à Google Earth, “en visitant le musée Prado”.

“Je me suis dit que les gens qui venaient n’avaient pas le temps ou la possibilité d’admirer les oeuvres comme ils le souhaitaient et j’ai pensé qu’il fallait quelque chose qui permette de compléter la visite”, a-t-elle indiqué à l’AFP.

C’est aussi un bon moyen pour tous ceux qui ne peuvent se rendre au musée, de faire connaissance avec ses chefs d’oeuvre, a-t-elle ajouté.

Cette initiative pourrait être étendue à d’autres musées mais pour l’heure aucun autre projet similaire n’est en gestation, a précisé le responsable de Google Espagne. L’entreprise américaine a entièrement financé le projet pour un montant tenu secret.

Cette innovation intervient un peu plus d’un an après l’ouverture de l’aile moderne du Prado, une extension qui a coûté un peu plus de 150 millions d’euros et qui a permis au musée de conforter sa place de plus visité d’Espagne avec 2,759 millions d’entrées en 2008 (+3,6% sur 2007).