USA : la chute des ventes de détail annonce un fort recul du PIB de l’automne

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Soldes dans un magasin de New York le 8 janvier 2009 (Photo : Mario Tama)

[14/01/2009 17:45:51] WASHINGTON (AFP) Les ventes de détail aux Etats-Unis ont baissé en décembre pour le sixième mois consécutif et leur recul s’est creusé, malgré les fêtes de fin d’année, attestant d’un recul profond de la consommation qui devrait avoir fait chuter le PIB au dernier trimestre.

Les ventes de détail ont plongé en décembre de 2,7% par rapport à leur niveau de novembre, selon les données officielles corrigées des variations saisonnières publiées mercredi par le département du Commerce.

La baisse est bien supérieure à ce qu’attendaient les analystes, qui tablaient sur une contraction de 1,2%. Et cette mauvaise nouvelle a fait plonger Wall Street et a enfoncé encore un peu plus les bourses européennes.

Pire encore, le recul des ventes des deux mois précédents a été revu dans un sens très défavorable: le ministère estime désormais que la baisse record d’octobre s’est élevée à 3,4% (et non 2,9%), et que le recul de novembre a atteint 2,1% (au lieu de 1,8% selon sa première estimation).

Au total, les ventes de détail ont baissé de 0,1% en 2008 par rapport à l’année précédente, alors qu’elles avaient augmenté de 4,1% en 2007. C’est leur premier recul annuel depuis 1992 et sans doute au-delà.

En excluant les ventes d’essence (qui ont plongé du fait de la baisse des cours du pétrole), les ventes de détail ont reculé pour le septième mois de suite en décembre, de 1,4%, soit bien plus qu’en novembre (-0,2%).

Même en excluant les ventes d’automobiles, qui plombent l’indice depuis plusieurs mois, celui-ci a enregistré en décembre une baisse record de 3,1%, par rapport au mois précédent, après un recul de 2,5% en novembre.

En glissement annuel, la baisse de l’indice général de décembre (-9,8%) atteint, elle aussi, un record de mauvais augure.

Les données du ministère n’étant pas corrigés des variations de prix, l’économiste indépendant Joel Naroff estime que les chiffres de décembre sont “mauvais, mais qu’on ne sait pas bien mesurer à quel point” du fait qu’il y a eu “énormément de ristournes consenties en décembre” pour les fêtes.

Notant que plus de la moitié de la baisse de décembre tient au recul du prix de l’essence, Ian Shepherdson, de l’institut HFE, estime que “la baisse de l’indice général est à couper le souffle, mais qu’elle exagère l’étendue des dégâts”.

Néanmoins, le fait que les ventes aient baissé en décembre dans tous les secteurs à l’exception de celui de la santé et des soins personnels est un très mauvais signe.

Les ventes de détail donnent en effet une bonne idée de la tendance de la consommation des ménages, moteur traditionnel de la croissance économique américaine, dont elle assure en temps normal près de 70%.

Au troisième trimestre, le produit intérieur brut de la première économie mondiale avait reculé de 0,5% en rythme annuel, tiré par une chute de la consommation de 3,8% (du jamais vu depuis 1980). La morosité des consommateurs avait à elle seule fait perdre 2,75 points de croissance au pays.

“Le recul spectaculaire des ventes de détail au cours des derniers mois est de mauvais augure pour les chiffres du PIB au quatrième trimestre”, écrit Millan Mulraine, économiste de TD Bank Financial Group, pour qui la “consommation des ménages va continuer de peser fortement sur la croissance”.

Pour Brian Bethune, économiste du cabinet IHS Global Insight, la baisse de la consommation aurait de nouveau atteint 3,8% au dernier trimestre.

Les autres composantes du PIB, comme l’investissement et le commerce extérieur, ayant fait pâle figure au dernier trimestre, le recul du PIB sur ces trois mois devrait être bien supérieur à celui des trois mois d’été. Un dirigeant de la Fed estimait fin décembre qu’il devrait atteindre 4 à 5%.

La pertinence de ce pronostic pourra être mesurée le 30 janvier, date à laquelle est attendue la première estimation officielle du PIB.