Rachat des actifs douteux des banques aux Etats-Unis : acte III, ouverture

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étaire au Trésor américain Henry Paulson le 17 novembre 2008 à Washington. (Photo : Paul J. Richards)

[15/01/2009 08:02:48] WASHINGTON (AFP) L’idée de délester les banques des actifs invendables qu’elles ont accumulés au cours de la dernière bulle immobilière refait surface aux Etats-Unis, après deux tentatives avortées.

Cette idée était au coeur même du plan de stabilisation du système financier présenté par le secrétaire au Trésor sortant Henry Paulson et voté début octobre par le Congrès des Etats-Unis.

Ce vote mettait à disposition du secrétaire au Trésor 700 milliards de dollars, dont 350 milliards immédiatement, pour mettre en oeuvre ce projet.

Pour M. Paulson, comme pour beaucoup d’économistes, la récession actuelle provient directement d’une crise du crédit liée à l’existence de ces actifs dits “toxiques”, instruments financiers complexes et opaques dont personne n’est capable d’évaluer précisément la valeur.

L’une des rares choses certaines est qu’avec l’explosion de la crise des crédits immobiliers à risque à l’été 2007, plus personne n’en veut, ce qui crée d’énormes difficultés pour les établissements qui en détiennent.

Comme ces produits dérivés regroupent en vrac des créances immobilières, parmi lesquelles il est quasiment impossible de trier le bon grain de l’ivraie, les institutions financières peinent à mesurer leur exposition au fléau.

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Wall Street le 29 octobre 2008 (Photo : Don Emmert)

Chaque banque soupçonnant ses concurrentes d’être potentiellement minée par ces produits, le marché du prêt interbancaire s’est retrouvé paralysé (on ne prête pas un établissement dont on craint qu’il puisse faire faillite) ce qui a grippé de proche en proche l’ensemble des marchés du crédit.

M. Paulson a pourtant renoncé en novembre à appliquer son plan dans ses lignes initiales et a préféré mettre en oeuvre à sa place une recapitalisation des banques sur fonds publics à hauteur de 250 milliards de dollars.

Il avait justifié sa volte-face en arguant que la situation économique s’était dégradée de manière telle entre le moment où il avait présenté son plan et le moment où le Congrès l’avait adopté, qu’il avait été contraint d’agir autrement. Il avait aussi affirmé qu’il ne restait plus assez d’argent pour monter une structure efficace.

Plusieurs analystes avaient estimé que le plan avait été abandonné plutôt à cause des nombreuses difficultés techniques liées à sa mise en oeuvre.

Un an plus tôt, M. Paulson avait déjà poussé les banques à s’entendre sur la création d’un “superfonds” destiné à racheter et gérer ces actifs invendables.

Ironie du sort, c’est la banque Citigroup, aujourd’hui sous perfusion de l’Etat, qui avait torpillé ce projet en décidant de rapatrier dans ces comptes ces actifs hébergés jusque-là dans des structures spéciales “hors bilan”.

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ésident de la Réserve fédérale américaine Ben Bernanke le 4 décembre 2009 à Washington (Photo : Alex Wong)

Mais la volonté de s’attaquer aux actifs invendables fait son retour. Mardi, le président de la Réserve fédérale américaine Ben Bernanke, a plaidé pour que le problème soit réglé une fois pour toutes.

“L’achat de ces actifs à problèmes par des fonds publics est une possibilité”, a-t-il noté, en évoquant aussi l’idée d’un fonds de garantie par lequel le gouvernement accepterait de couvrir une partie des pertes, ou la création de structures de défaisance (“bad banks”), “qui achèteraient les actifs [en question] aux institutions financières”.

Jugeant que ces actifs invendables sont un “obstacle persistant à l’investissement privé dans les institutions financières”, le vice-président de la Fed, Donald Kohn, a développé le même jour des arguments similaires devant la Commission des services financiers de la Chambre des représentants, alors que le Congrès s’apprête à débloquer la deuxième tranche du plan Paulson.

Témoignant devant cette même commission, John Bovenzi, vice-président de l’organisme fédéral de garantie des dépôts bancaires, a lui aussi dit “encourager la mise en oeuvre d’un programme s’attaquant aux actifs à problèmes”, jugeant qu’il était d’une importance “vitale”.