A400M : Airbus met en garde les gouvernements européens contre un “désastre”

[15/01/2009 11:39:46] TOULOUSE (AFP)

Le patron de l’avionneur européen Airbus, Thomas Enders, a mis en garde jeudi les gouvernements européens, ses clients, contre un désastre pour son entreprise si les conditions de contrat actuelles pour livrer son futur avion de transport militaire, l’A400M étaient maintenues.

“Avec les conditions de contrat actuelles et la structure de l’organisation, nous avons tous les ingrédients d’un désastre. Il serait irresponsable de continuer dans cette voie”, a dit M. Enders.

Si des industriels américains étaient invités à participer à ce contrat, ils s’enfuiraient, a-t-il ajouté.

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ésentation de l’Airbus militaire de transport européen A400M avec son carnet de commandes au 12 janvier 2009 (Photo : Sophie Ramis)

“Nous voulons le succès de ce programme, mais dans les termes actuels du contrat, cela ne peut pas être un succès”, a-t-il continué, estimant que le contrat tel qu’il avait été accepté il y a quelques années n’aurait pas dû l’être.

Vendredi dernier, la maison mère d’Airbus, EADS a dit vouloir discuter avec l’agence européenne OCCAR (Organisation conjointe de coopération en armement), “du calendrier du programme ainsi que des changements concernant d’autres points du contrat, en particulier certaines caractéristiques techniques” de l’appareil.

A l’origine, ce contrat de 20 milliards d’euros avait été signé en mai 2003 entre EADS et l’OCCAR, représentant sept pays, pour une commande de 180 appareils.

EADS a annoncé vendredi que “la première livraison de l’A400M pourrait avoir lieu environ trois ans après le premier vol”, dont la date reste encore à préciser.

EADS se dit incapable de fixer une date pour le premier vol d’essai de l’appareil, arguant de problèmes avec la motorisation assurée par le consortium européen EPI, qui regroupe le français Snecma (Safran), le britannique Rolls Royce, l’espagnol ITP et l’allemand MTU.

L’Allemagne a commandé 60 avions, la France 50, l’Espagne 27, le Royaume-Uni 25, la Turquie 10, la Belgique 7 et le Luxembourg un appareil. Par la suite, l’Afrique du Sud en a commandé huit et la Malaisie quatre.

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ésentation à Séville, le 26 juin 2008 (Photo : Cristina Quicler)

Estimant avoir retenu les leçons des retards de livraison du très gros porteur A380 –près de deux ans sur le calendrier initial–, M. Enders a souligné qu’il fallait d’abord se concentrer sur le prototype de l’A400M puis le vol d’essai et ensuite s’attaquer à la production de l’avion.

Le groupe européen, par ailleurs confronté à d’autres défis industriels – la montée en cadence de l’Airbus A380 et le lancement de l’A350 -, a récemment promis de se réorganiser pour simplifier la gestion de l’A400M, la division Military Transport Aircraft ayant ainsi été intégrée à Airbus.