Le gaz toujours coupé, nouvelles négociations samedi entre Kiev et Moscou

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Le Premier ministre russe Vladimir Poutine et son homologue ukrainienne Ioulia Timochenko le 14 novembre 2008 (Photo : Alexey Nikolsky)

[15/01/2009 14:12:11] MOSCOU (AFP) De nouvelles négociations sur la crise gazière auront lieu samedi à Moscou entre le Premier ministre Vladimir Poutine et son homologue ukrainienne Ioulia Timochenko, l’UE proposant son assistance mais rechignant à participer à un véritable “sommet” sur la question.

Au huitième jour d’interruption totale des livraisons de gaz russe à l’Europe via l’Ukraine, les deux voisins campaient sur leurs positions.

“Le robinet est toujours fermé”, a accusé le géant russe Gazprom dans un communiqué jeudi, affirmant que l’Ukraine empêchait toujours le passage sur son territoire du gaz destiné à l’Europe, en dépit de l’accord de surveillance du transit arraché lundi par les Européens.

“L’Ukraine est prête à transporter le gaz russe vers les consommateurs européens, même sans contrat, si la totalité des volumes est fournie”, a répliqué le président ukrainien Viktor Iouchtchenko.

Seule avancée notable jeudi, il paraissait désormais acquis que les négociations russo-ukrainiennes allaient reprendre samedi à Moscou, mais leur format faisait encore débat.

Le président russe Dmitri Medvedev persévérait jeudi dans son intention, dévoilée la veille, d’organiser dans la capitale russe un véritable sommet de chefs d’Etat et de gouvernement, pour lequel des “invitations” ont déjà été adressées, selon sa porte-parole.

Mais il s’est heurté à un refus poli des Européens, qui considèrent ne s’être déjà que trop impliqués dans le conflit russo-ukrainien.

L’UE s’est dite tout au plus prête à dépêcher le ministre tchèque de l’Energie et le commissaire européen à l’Energie à une réunion Russie-Ukraine “de haut niveau”, pour les “aider à trouver un accord durable” sur le conflit gazier.

Le ministère français des Affaires étrangères s’est montré encore plus direct, déclarant que les conditions pour la tenue d’un sommet ne seraient “pas réunies” tant que “les livraisons de gaz, conformément aux engagements de la Russie et de l’Ukraine, n'(auraient) pas repris”.

La présidence tchèque de l’UE a par la suite confirmé la participation du ministre tchèque de l’Industrie et du Commerce, Martin Riman, à la réunion Russie-Ukraine “de haut niveau”.

On ignorait encore jeudi les détails de la rencontre de samedi annoncée par ailleurs entre Vladimir Poutine et Ioulia Timochenko, et si celle-ci pourrait éventuellement se fondre dans le “sommet” souhaité par les Russes.

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é du site d’Orlovka en Ukraine contrôle la pression du gaz dans un pipeline, le 14 janvier 2009 (Photo : Sergei Supinsky)

M. Poutine sera tout juste de retour d’une visite de deux jours en Allemagne, où il s’entretiendra avec la chancelière allemande Angela Merkel.

Celle-ci n’a pas mâché ses mots avant la rencontre : “il y a un risque certain que la Russie perde de sa crédibilité du fait des interruptions” dans les livraisons de gaz à l’Europe, a-t-elle affirmé à l’occasion d’un point de presse à l’issue d’entretiens avec son homologue britannique Gordon Brown à Berlin.

“Il faudra que j’aborde cette question au cours de mes discussions demain” avec M. Poutine, a-t-elle ajouté.

Mardi, une tentative de reprendre les livraisons de gaz russe à destination du Vieux Continent s’était déjà soldée par un échec, laissant des centaines de milliers d’Européens grelotter pour la deuxième semaine consécutive.

Depuis quelques jours, des voix s’élèvent aussi pour demander des comptes à la Russie et à l’Ukraine. A Belgrade, la compagnie gazière serbe Srbijagas a ainsi fait savoir jeudi qu’elle allait réclamer des “explications” à ce sujet aux sociétés ukrainienne Naftogaz et russe Gazprom.

La veille, le président de l’exécutif européen José Manuel Barroso avait également prévenu que la Commission européenne conseillerait “aux compagnies européennes de porter l’affaire en justice” si la crise perdurait.

Moscou avait coupé l’approvisionnement de l’Ukraine le 1er janvier 2009 et a ensuite accusé Kiev de siphonner le gaz destiné aux Européens. La Russie a interrompu le 7 janvier toutes ses livraisons de gaz vers l’Europe pour mettre un terme à ce “vol”.