érence de presse, le 15 janvier 2009 à Colomiers (Photo : Pascal Pavani) |
[15/01/2009 16:36:40] TOULOUSE (AFP) L’avionneur européen Airbus, vainqueur du duel commercial l’an passé sur son rival américain Boeing, s’attend à une année difficile à cause de la crise, avec pour la première fois depuis 2003 moins de commandes que de livraisons d’appareils.
“2009 est placé sous le signe de la tempête. Notre première priorité est de protéger les livraisons autant que possible”, a déclaré jeudi le patron d’Airbus, Thomas Enders, en présentant le bilan commercial 2008 du groupe depuis son siège à Toulouse.
Scrutant une boule de cristal devant la presse, le directeur commercial d’Airbus, John Leahy, a fini par y voir entre 300 et 400 commandes pour 2009. L’an passé, le constructeur européen a repris l’avantage sur Boeing, engrangeant 777 commandes contre 662 pour l’américain.
Pour 2009, les commandes devraient être “molles”, y compris pour l’avion géant A380, avec “une dizaine” d’exemplaires, a dit M. Leahy.
En terme de livraisons, Airbus a également devancé Boeing l’an dernier, comme en 2007: il a livré 483 appareils, soit 30 de plus qu’en 2007, contre 375 pour l’américain, touché de plein fouet par une grève en septembre et octobre.
M. Enders, a dit qu’il s’estimerait “content” si les livraisons atteignaient en 2009 le niveau de 2008.
Autre priorité cette année, “nous voulons protéger notre position de trésorerie qui s’est bien rétablie l’an dernier”, a-t-il déclaré.
Le groupe a indiqué scruter chaque jour avec ses clients leur santé financière et étudier les moyens de les aider.
Maquette de l’Airbus A380 (Photo : Pascal Pavani) |
M. Leahy a toutefois précisé qu’il n’y avait pas actuellement, sur le tarmac de Toulouse, de “queues blanches”, ces avions n’ayant pas trouvé de clients, dans le jargon aéronautique.
Cette année, les agences de garanties de crédit à l’exportation, telles que la Coface en France ou Hermes en Allemagne, devraient doubler leur contribution pour soutenir jusqu’à la moitié des achats des compagnies aériennes, selon M. Leahy.
Pour les sous-traitants d’Airbus, dont certains souffrent également de la crise du crédit, le directeur général du groupe, Fabrice Brégier, a déclaré que le groupe les aidait “autant que faire se peut”.
M. Enders a confirmé qu’il n’excluait pas de réduire les cadences de production si la crise s’aggravait.
En octobre, le groupe a renoncé à son objectif de porter la production mensuelle des appareils de la famille des moyen-courriers A320 de 36 à 40 en 2010, a-t-il rappelé. “C’était la bonne décision”, a-t-il dit.
Questionnés sur d’éventuelles conséquences de la crise sur les salariés du groupe, les dirigeants d’Airbus ont estimé disposer d’une certaine marge de manoeuvre en agissant sur le nombre d’intérimaires et sous-traitants.
“On a 25.000 personnes hors Airbus travaillant sur nos sites –répartis dans toute l’Europe– cela ne veut pas dire qu’on a un volant de 25.000 personnes qui peuvent disparaître du jour au lendemain: on a quelques flexibilités sur chacun de nos sites, c’est variable”, a déclaré M. Brégier.
En 2008, Airbus a été profitable, selon M. Enders. Le plan de restructuration Power 8, annoncé en février 2007, “a pour la deuxième année de suite dépassé ses objectifs”, réalisant des économies d’environ 1,3 milliard d’euros au terme de 2008.
Côté suppressions d’emplois, prévues par Power 8 –10.000 entre 2007 et 2010 (dont la moitié chez les sous-traitants)–, M. Brégier a estimé “être parfaitement en ligne avec les prévisions”. “Nous sommes légèrement au dessus des 5.000”, a-t-il dit.