Du roquefort sur du pain (Photo : Jean-Pierre Muller) |
[16/01/2009 09:14:39] MILLAU (AFP) Le Syndicat des producteurs de lait de brebis (SPLB), affilié à la Confédération paysanne, va proposer des actions aux autres organisations professionnellles et à l’interprofession après la décision de Washington de tripler les droits de douane sur le roquefort, a-t-il annoncé jeudi.
“On risque d’être obligés de fêter dignement le dixième anniversaire du démontage du McDo de Millau”, le 12 août 1999, a déclaré à l’AFP Laurent Reversat, responsable du SPLB.
Des militants du SPLB, emmenés par José Bové, avaient alors saccagé le chantier du futur McDonald’s de Millau en réaction à une première mesure de taxation du roquefort par les Etats-Unis, qui voulaient déjà contraindre l’Europe a accepter l’importation de boeuf américain traité aux hormones.
Le SPLB n’annonce pas une action similaire mais “envisage de faire quelque chose de commun” avec le reste de la profession, car le triplement des taxes “chasse complètement le roquefort du marché américain”, a souligné M. Reversat.
“Il y a sans doute une valeur symbolique à frapper toujours le roquefort: notre produit est aux antipodes du boeuf aux hormones, il est sain, garanti, authentique”, a ajouté le syndicaliste.
“Plus que jamais, on voit ce qu’il advient quand le pouvoir politique cède la place au pouvoir économique, l’OMC dit que les Etats-Unis ont raison”, a estimé M. Reversat.
“Le nouveau président Barack Obama, qu’on pare de toutes les vertus, gagnerait à y réfléchir s’il veut la rupture avec les années Bush, complètement inféodées à un pouvoir économique inique”, a-t-il ajouté.
Jeudi, les autorités américaines ont annoncé une modification de la liste des produits de l’UE “sujets à des droits de douane supplémentaires en lien avec” le conflit du boeuf aux hormones devant l’Organisation mondiale du Commerce (OMC).
Dans un communiqué, les services du commerce extérieur à Washington ont annoncé faire passer les droits de douane sur le roquefort de 100% à 300% à partir du 23 mars.
Le ministre de l’Agriculture, Michel Barnier, a “regretté” jeudi soir la décision des Etats-Unis, jugeant que c’était une “sanction injustifiée”.
“Cette sanction, prise en rétorsion à la poursuite de l’interdiction par Bruxelles du boeuf aux hormones américain, est injustifiée”, a estimé le ministre.
Face à cette décision, “nous ne resterons pas inactifs”, a assuré le ministre, soulignant que la France prévoyait pour aider les producteurs concernés des mesures de “promotion et de soutien à l’exportation sur le marché américain”.