électriques (Photo : Frederick Florin) |
[16/01/2009 09:49:26] PARIS (AFP) L’ouverture des marchés énergétiques à la concurrence a conduit à la multiplication des pratiques commerciales agressives, les fournisseurs d’énergie jouant sur la confusion entre opérateurs historiques ou alternatifs, tarifs régulés et prix de marché.
La semaine dernière, le fournisseur alternatif d’électricité Poweo s’est vu interdire le démarchage dans la commune d’Houdain (Pas-de-Calais): selon des témoignages, ses commerciaux se faisaient passer pour des agents d’EDF venus contrôler les factures des abonnés.
Déjà en avril 2008, le magazine “60 millions de consommateurs” avait décerné un “Carton rouge” à la société Direct Energie pour des pratiques similaires.
“Ils ont fait passer Direct-Energie pour une filiale d’EDF”, rapportait un témoin.
Chez Poweo, on affirme qu’une enquête interne est en cours sur l’affaire d’Houdain. “Il y a quelques commerciaux indélicats qui ont des discours équivoques. Ce sont des individus isolés qui ne respectent pas les règles”, a précisé à l’AFP un porte-parole du fournisseur d’énergie.
Direct Energie impute lui ces dérives au comportement de quelques “brebis galeuses”.
“Il y a quelques mois, un commercial présentait Direct Energie comme la filiale +low cost+ d’EDF, en s’appuyant sur les couleurs du logo. Ce commercial n’a jamais été payé et a été immédiatement suspendu à notre demande”, raconte Thierry Roussel, le directeur général de l’énergéticien sur le site energie2007.fr.
Ces pratiques ne seraient pas isolées chez des fournisseurs alternatifs d’énergie en mal de notoriété face aux mastodontes EDF et GDF Suez, qui contrôlent plus de 90% du marché.
“Les méthodes de démarchage commercial sont de plus en plus douteuses”, affirme Jacques Mopin, administrateur national de l’assocation de consommateurs UFC Que Choisir, qui indique avoir reçu des milliers de plaintes en ce sens.
Le Médiateur de l’énergie, Denis Merville, souligne pour sa part que 12 à 15% des 1.300 saisines dont il a fait l’objet en 2008 concernaient “des pratiques commerciales un peu douteuses” voire des “ventes forcées”.
“90% des dossiers dont on est saisi concernent les opérateurs historiques” (EDF et GDF Suez), remarque cependant M. Merville qui entend dénoncer le phénomène.
En proposant des offres “duales” (gaz + électricité), EDF et GDF Suez ont en effet été accusés d’entretenir la confusion entre tarifs réglementés (fixés par l’Etat) et prix de marché.
Souscrites par téléphone, ces offres faisaient sortir les clients des tarifs réglementés, parfois à leur insu.
S’ils fournissent de l’énergie à tarifs réglementés dans leur secteur historique, GDF Suez et EDF sont en effet aussi des fournisseurs alternatifs, sur le marché de l’électricité pour GDF Suez et sur celui du gaz pour EDF, où ils proposent des prix de marché.
Les deux groupes assurent être plus transparents sur les caractéristiques de leurs offres et demander la signature d’un contrat avant souscription, comme la loi les y oblige désormais.
“Pour l’instant, les consommateurs ne sont pas lésés car les fournisseurs alternatifs sont obligés de vendre moins cher qu’aux tarifs régulés pour intéresser des clients”, remarque M. Mopin.
“L’offre est alléchante dans un premier temps, mais à terme, on ne s’y retrouve pas forcément”, estime lui Thierry Saniez de l’association CLCV.
Pour encadrer ces pratiques, la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR) a mis en place une “marque de confiance”, “Clair’Energie.
A ce jour, seules deux sociétés l’ont décroché: Altergaz et Enercoop.