à Kiev (Photo : Genia Savilov) |
[16/01/2009 12:25:34] MOSCOU (AFP) La Russie estimait vendredi que seule une action internationale pouvait mettre fin à la “guerre du gaz”, exhortant les dirigeants européens à se rendre samedi à Moscou, pendant que l’UE laissait éclater sa colère et qu’un mini-sommet est-européen avait lieu à Kiev.
Visiblement à bout de nerfs, la Commission européenne a jugé vendredi que les négociations prévues d’ici à la fin de la semaine constituaient pour la Russie et l’Ukraine leur “dernière chance” de prouver leur volonté de régler la crise.
Illustration de l’intense activité diplomatique en cours autour de ce dossier, le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, était attendu vendredi en Allemagne pour des discussions, qui, actualité oblige, seront centrées sur l’approvisionnement en gaz du Vieux Continent.
Quant au “sommet” de six présidents d’Europe de l’Est que l’Ukraine espérait accueillir, il a finalement été remplacé par une réunion sur “les questions de sécurité énergétique” des présidents ukrainien Viktor Iouchtchenko et slovaque Ivan Gasparovic, ainsi que du Premier ministre moldave Zinaïda Grecianii et du ministre polonais des Affaires étrangères Radoslaw Sikorski, a annoncé Kiev.
é de Gazprom le 14 janvier 2009 à Moscou (Photo : Yuri Kadobnov) |
Les Ukrainiens tentaient ainsi manifestement de reprendre l’initiative, après que le président russe, Dmitri Medvedev, eut proposé l’organisation d’un sommet entre la Russie, l’Ukraine et l’Union européenne, samedi à Moscou, et de mettre sur pied avec les Européens un “consortium” international sur le gaz.
Des “invitations” en vue d’une telle rencontre dans la capitale russe ont déjà été adressées, avait à cet égard souligné jeudi le Kremlin, tandis que l’UE se montrait pour le moins dubitative et que Viktor Iouchtchenko insistait pour qu'”il se déroule sur le territoire européen”.
Du coup, le Kremlin est revenu à la charge vendredi. L’actuel conflit sur le gaz “est sorti du cadre des relations bilatérales et de la sphère juridique”, ne pouvant donc être réglé qu’avec la participation des Européens, s’est ainsi exclamé Dmitri Medvedev. “Nous sommes prêts à rechercher des solutions à long terme et nous escomptons que la partie ukrainienne fera preuve d’une approche responsable et que nos partenaires européens permettront la recherche du règlement nécessaire” de la crise, a-t-il poursuivi.
Le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov n’a pas été en reste, avertissant que les Européens avaient tout intérêt à être présents samedi à Moscou s’ils voulaient qu’une solution soit trouvée. “Il s’agit probablement de l’une des opportunités les plus réalistes de sortir du statu quo”, a-t-il martelé au cours d’une conférence de presse.
Le Premier ministre russe Vladimir Poutine et son homologue ukrainienne Ioulia Timochenko le 14 novembre 2008 (Photo : Alexey Nikolsky) |
Une chose semble acquise: de nouvelles négociations sur la crise gazière doivent avoir lieu samedi à Moscou entre Vladimir Poutine, qui sera tout juste rentré d’Allemagne, et son homologue ukrainienne, Ioulia Timochenko. Par ailleurs, le projet russe de mettre sur pied avec de grands groupes énergétiques européens un “consortium” était à l’étude. Son principe consisterait à “partager le risque du transit”, a expliqué Vladimir Poutine qui a reçu jeudi le numéro un de la compagnie italienne d’hydrocarbures Eni, Paolo Scaroni.
Ce dernier a déclaré que le consortium paierait en avance le “gaz technique” permettant aux gazoducs et aux stations de compression de fonctionner en vue d’une “reprise des livraisons de gaz à l’Europe dans l’attente d’un accord entre Moscou et Kiev”. Outre Eni, premier opérateur de gaz en Europe, Gaz de France et l’allemand EON en seraient membres, a assuré M. Scaroni.
La proposition de Moscou de faire acheter par des compagnies européennes du “gaz technique” russe “ne représenterait pas un coût très élevé”, a à ce propos plaidé vendredi le ministre italien du Développement économique, Claudio Scajola.
Mardi, une tentative de rétablir le transit du gaz russe vers le Vieux Continent, arrêté le 7 janvier, s’était soldée par un échec. Résultat, des centaines de milliers d’Européens grelottaient pour la deuxième semaine consécutive.
Moscou et Kiev se rejettent depuis mutuellement la responsabilité de cette situation.
Ioulia Timochenko aurait toutefois décidé de revenir à un compromis négocié l’automne dernier avec la Russie et qui prévoit en particulier une augmentation du prix du gaz sur plusieurs années, selon le quotidien allemand Welt.