L’Etat vient au secours de Bank of America, passée dans le rouge

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à Washington, le 15 septembre 2008 (Photo : Nicholas Kamm)

[16/01/2009 17:27:48] NEW YORK (AFP) Les pouvoirs publics américains ont dû venir à la rescousse de Bank of America, la première banque du pays par les actifs, qui a plongé dans le rouge en fin d’année et voit la situation s’aggraver en 2009, alors même qu’il lui faut digérer l’acquisition de Merrill Lynch.

La banque de Charlotte (Caroline du Nord, sud-est), sortie considérablement agrandie de la recomposition du paysage bancaire de l’an dernier, a affiché sa première perte trimestrielle en 17 ans (-1,7 milliard de dollars), tout en se maintenant dans le vert sur l’ensemble de l’année (+4 milliards de dollars).

Mais après l’absorption de la banque d’affaires Merrill Lynch, qui a affiché 15,3 milliards de pertes au quatrième trimestre 2008, le PDG Kenneth Lewis n’a pas dissimulé qu’il s’attendait à rester dans le rouge un bon moment.

“Tout ce que nous voyons actuellement laisse présager qu’il n’y aura pas de relâchement dans les provisions (pour créances douteuses) pendant au moins plusieurs trimestres”, a-t-il dit devant les analystes financiers.

En conséquence, M. Lewis a évoqué un scénario marqué par plusieurs trimestres de pertes “supérieures ou égales” à celles du quatrième trimestre.

Sur les trois derniers mois de 2008, la banque a déjà augmenté de 2,1 milliards ses provisions pour créances douteuses, pour les porter 8,5 milliards. Elle a dû aussi passer par pertes et profits quelque 5,5 milliards de créances irrécupérables.

Pour l’aider à faire face, le Trésor a annoncé dans la nuit une nouvelle injection de 20 milliards de dollars, portant à 45 milliards les sommes accordées par l’Etat au groupe depuis octobre – ce qui la met sur le même plan que sa concurrente Citigroup, qui affiche des pertes encore bien supérieures.

L’Etat a aussi accepté de prendre à sa charge la plus grande partie des pertes générées par un portefeuille de 118 milliards de dollars d’actifs “toxiques”- à 75% amenés par Merrill Lynch, a fait valoir M. Lewis.

“Au final, ce qu’on voit, c’est que le (plan de sauvetage du système financier) fonctionne pour éviter une restriction encore plus grave du marché du crédit”, a souligné l’analyste Brian Bethune d’IHS Global Insight.

Après avoir plutôt bien réagi à l’intervention gouvernementale, le marché a sanctionné le pessimisme des prévisions de la banque. Déjà au plus bas depuis 1991, l’action de Bank of America poursuivait sa dégringolade de la semaine, perdant encore 7,58% vers 16h00 GMT à 7,69 dollars.

Mis en cause par certains analystes pour s’être emparé de Merrill Lynch sans s’assurer qu’il en aurait les moyens, M. Lewis a souligné qu’il ne pouvait pas anticiper l’accélération des pertes de la banque d’affaires fin décembre, largement dues à des déboires sur le marché des capitaux.

Alors qu’il envisageait de renoncer à la fusion après avoir découvert l’ampleur du désastre, il a été convaincu par le Trésor que toute remise en cause du rapprochement risquait une nouvelle fois de provoquer le chaos sur les marchés mondiaux.

“Nous sommes allés voir les autorités de régulation pour leur dire qu’on ne pouvait pas boucler la transaction sans leur aide”, a-t-il relaté. “Le gouvernement a pensé que renoncer ou reporter (la fusion) pourrait engendrer une inquiétude considérable et faire du mal au système” financier, et a préféré accorder une nouvelle aide.

“Nous avons fait la bonne chose pour le pays” en avalant Merrill Lynch comme prévu au 1er janvier, a assuré M. Lewis.