Yes, we can !
En ces temps d’incertitudes économiques, les citoyens tunisiens, les
entreprises et l’Etat doivent prendre leurs responsabilités sans renoncer au
modèle de développement tunisien basé sur l’ouverture sur l’extérieur (offshoring,
IDE, exportation, tourisme, compétences expatriées, coopération technique, …),
l’équilibre social et un endettement à long terme mesuré.
Patriotisme économique provisoire, le temps de la crise
Au niveau du citoyen tunisien, consommer en priorité des produits nationaux
pourrait constituer une réponse à effet immédiat à l’aggravation du déficit de
la balance commercial. Cela constitue un appui fort aux PME-PMI tunisiennes en
manque de commandes de l’étranger et un signal politique important d’unité
populaire devant les effets de la crise mondiale. En se soudant les rangs, les
tunisiens s’approprient les défis de la crise économique mondiale. Avec une
pédagogie adaptée, une communication mobilisante, la bataille de la rationalité
du comportement économique des ménages tunisiens et l’immunité, même partielle,
des entreprises tunisiennes, pourra être gagnée. Cette attitude à adopter
pendant la période de la crise économique mondiale est possible collectivement.
Yes we can !
Libérer les énergies productives
Quant à la responsabilité de l’entreprise qu’elle soit publique ou privée,
elle réside en sa capacité de puiser, plus que jamais, dans le gisement de la
productivité qui constitue près de 50% en termes de contribution à la
croissance. Une mise à niveau managériale orientée productivité est à la portée
des entreprises tunisiennes à tous les échelons. Cela passe par une prise de
conscience des ressources humaines en leur capacité de faire plus et mieux, mais
aussi par une meilleure organisation des structures basée sur des systèmes
d’information performants et des outils d’aide à la décision plus efficace. Le
recours aux ERP, à l’informatique décisionnel, et un coaching sont tout autant
de solutions rationalisant la valeur ajoutée et la productivité des ressources
humaines et des structures organisées. En libérant les énergies, en levant les
freins qui sont en nous, en tant que managers, cadres, ouvriers, des points de
croissance pourront être gagnés à l’échelle macro-économique. Cela ne dépend pas
des commandes de marchés internationaux, le succès est en nous. Yes we can !
Relance par les grands travaux, consolider la confiance par l’équité et la transparence
Une des responsabilités de l’Etat en ces temps de défis est de prendre en
charge l’avenir en relançant l’économie par les grands travaux d’infrastructures
numériques et physiques avec un souci aigu de transparence et d’équité, piliers
de la confiance qui demeure le moteur de l’engagement économique, de la
croissance économique et donc de l’emploi. La conjoncture quant aux ressources
de l’Etat est relativement favorable : Les fruits de la revente prévue des 16%
des actions de Tunisie Télécom à Tecom Dig, l’apport de la licence 2G/3G dont
l’appel d’offres aboutit en 2009, la privatisation de la STIA et d’autres
entreprises publiques évoluant dans le secteur concurrentiel ainsi que le
recours au financement étranger de long terme (AFD, FADES, …) avec des taux
raisonnables malgré (ou grâce) à la crise. Ceci permet de financer une relance
étatique par des projets structurants tels que l’autoroute de la « diagonale »
Enfidha – Gafsa ou encore le maillage de l’ensemble du territoire par du haut
débit et remédier à la fracture numérique régionale tout en densifiant le réseau
des grandes villes du littoral. Le maillage du réseau routier permet la
valorisation foncière et l’attractivité de l’investissement dans les régions
ouest notamment. La mise à niveau généralisée des infrastructures
télécommunications permettra d’arrimer définitivement la Tunisie au rang des
nations digitalement évoluées et de rattraper un retard certain (vis-à-vis de
pays comme la Jordanie par exemple). La souveraineté des choix macroéconomiques
en Tunisie est un acquis formidable dans le contexte actuel, cette marge de
manœuvre est rare et donc précieuse. Yes we can !
Yes we can and yes we will !
Les prévisions de croissance économique en 2009 pour la Tunisie (entre 4.5 et
5%), dans le contexte actuel, sont moins affirmées qu’à l’habitude et risquent
d’évoluer à nouveau en réponse à de nouvelles circonstances exceptionnelles dues
aux niveaux de profondeur, encore inconnus, de la crise économique que
connaissent les pays partenaires de la Tunisie. Ceci, étant, l’économie de
marché, demeure encore la voie la plus sûre qui permet l’égalité des chances
d’entreprendre, de créer de la richesse et d’assurer le bien-être global de la
communauté. Le choix libéral et solidaire de la Tunisie s’avère être le bon. La
caisse de compensation, longtemps décriée par le FMI, s’avère être un instrument
social efficace pour juguler les effets néfastes d’un éventuel ralentissement de
l’économie nationale.
Des projets tels que l’exploitation des mines de Sraouertène du côté de Thala
avec un gisement de l’ordre de 4 à 5 millions de tonnes de phosphates par an,
les grands projets énergétiques (Skhira, Haouaria, …) et logistiques (aéroport
et port d’Enfidha), ainsi que la mise à niveau de pan entier de l’économie
(agriculture, tourisme, …) et la libéralisation des services (distribution,
assurances, …) et le développement des TIC, augurent d’un avenir radieux si on y
met une bonne dose de patriotisme économique au niveau des citoyens, de gains en
productivité dans nos entreprises familiales ou institutionnalisées et un signal
de confiance venant de l’Etat garant de la vision prospective et de la
régulation des marchés.
Yes we can and yes we will !
(Article publié par l’Economiste
Maghrébin)