ère (Photo : Mychèle Daniau) |
[17/01/2009 08:43:36] BERLIN (AFP) Fragilisés par la chute des prix laitiers, des producteurs européens ont lancé le “lait équitable” pour garantir leur survie, et profitent du Salon international de l’agriculture de Berlin pour tenter d’étendre à l’Union européenne cette expérience autrichienne.
En trois ans, “A faire Milch” (sic) s’est fait une place dans les rayons des supermarchés autrichiens et dans la conscience des consommateurs qui ont ainsi l’assurance que l’éleveur a reçu une rémunération “juste” pour son produit.
Le concept, lancé en réponse au recul des prix du lait versés aux producteurs qui sont tombés ces derniers mois dans bien des régions d’Europe en dessous des 30 centimes d’euro, a bien l’intention de conquérir les autres marchés européens.
Dès avril, le lait équitable arrivera sur le marché italien, selon Romuald Schaber, président de l’European Milk Board, fédération européenne des producteurs laitiers, qui regroupe plus de 100.000 membres et réclame “un prix du lait qui couvre les coûts de production”.
“Les Suédois veulent aussi introduire prochainement le lait équitable et des réflexions concrètes sont également en cours en Belgique, en Allemagne et au Luxembourg”, a-t-il ajouté lors d’une rencontre au salon de l’Agriculture (Grüne Woche) à Berlin.
En Autriche, environ 50.000 litres de lait équitable sont vendus chaque semaine dans plusieurs chaînes de distribution (Lidl, Spar, Zielpunkt, Nah und Frisch, ou les stations-service OMV), soit 2% du total des ventes, selon Ernst Halbmayr, directeur du projet autrichien “A faire Milch”.
“Le lait équitable a contribué à entraîner à la hausse le prix des autres laits dans les rayons autrichiens” et il est désormais question “d’étendre le principe à d’autres produits laitiers”, comme les yaourts, ajoute le président d’IG-Milch, organisation autrichienne des producteurs de lait.
“Le système fonctionne sur le modèle de l’énergie verte proposée par certaines compagnies d’électricités”, explique M. Halbmayr.
Chaque litre vendu rapporte 10 cents de plus au producteur. Une fois par an, la somme lui est redistribuée en fonction de ses livraisons, mais dans la limite de 50.000 litres de lait, ce qui correspond à la moyenne de production d’une exploitation autrichienne.
Les quelque mille exploitants qui ont signé un contrat de lait équitable avec IG-Milch se sont engagés à renoncer aux fourrages génétiquement modifiés, à respecter leurs quotas de production et à faire connaître activement la marque.
En plantant des panneaux publicitaires dans leurs champs à travers tout le pays alpin, en organisant des dégustations aux portes des grandes surfaces, “ils ont réussi à attirer l’attention de l’opinion publique et des médias sur leurs problèmes à la façon d’un marketing-guérilla”, selon M. Halbmayr.
Pour plus de visibilité encore, la brique de “lait équitable” est symbolisée par la vache “Faironika” aux couleurs nationales. Erigées en véritables mascottes autrichiennes, plus de 3.400 vachettes en plastique “faire Milch” ont d’ores et déjà été vendues dans le cadre de diverses foires, se réjouit M. Halbmayr.
A la Grüne Woche, les délégations de l’EMB n’hésitent donc pas à arborer des vaches en plastique au logo européen “the fair milk” pour promouvoir le concept qui doit, selon elles, “sauvegarder des milliers d’exploitations laitières” en Europe.
“Personne ne serait content de voir disparaître de la carte des exploitations agricoles qui ne peuvent plus se rentabiliser, de voir diminuer sur le marché national le lait qui provient des propres terres, de voir baisser la qualité”, souligne la fédération.