Gaz : accord à Moscou, l’Europe attend la reprise des livraisons

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à Moscou (Photo : Alexander Prokopenko)

[18/01/2009 21:21:24] MOSCOU (AFP) La Russie et l’Ukraine ont conclu dimanche à l’issue d’un véritable marathon diplomatique un accord en vue de rétablir – “sous peu” promet Moscou – l’intégralité de l’approvisionnement en gaz russe de l’Europe via le territoire ukrainien, mais bien des zones d’ombre demeurent.

Les analystes se demandaient surtout quand et de quelle manière ce compromis si âprement négocié entrerait en vigueur, tandis que de nombreuses autres interrogations portaient sur ses aspects financiers ou l’accueil qui lui sera réservé à Kiev, en proie à une instabilité politique récurrente.

“Nous saluons l’annonce d’un accord politique, mais nous sommes aussi assez prudents, parce qu’il y a eu trop d’accords rompus et de promesses non tenues”, a réagi la présidence tchèque de l’Union européenne.

“La seule chose qui compte pour l’UE, c’est la reprise des livraisons de gaz. Pour l’instant, le moment auquel interviendra cette reprise n’est pas clair”, a renchéri le ministre tchèque de l’Industrie Martin Riman.

“Comme l’a assuré la partie ukrainienne, l’acheminement (du gaz, ndlr) reprendra sous peu entièrement”, a annoncé le Premier ministre russe Vladimir Poutine après de longues discussions dans la nuit avec son homologue ukrainienne Ioulia Timochenko à Moscou.

Les compagnies d’Etat russe Gazprom et ukrainienne Naftogaz signeront lundi des contrats sur les conditions dans lesquelles le gaz russe sera livré à l’Ukraine et transitera vers l’Europe, a affirmé, de son côté, Kiev.

Mme Timochenko, qui a “l’intention” de se rendre à nouveau dans la capitale russe pour assister à l’événement, a assuré que “dès la signature de ces documents, le transit (vers l’Europe) serait rétabli”.

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éens (Photo : Alexander Nemenov)

La présidence ukrainienne attend quant à elle de connaître le prix auquel sera facturé le gaz russe en 2009 avant d'”évaluer” l’accord conclu entre les Premiers ministres.

La rencontre Poutine-Timochenko faisait elle-même suite à un mini-sommet samedi au Kremlin, en présence de hauts responsables d’une dizaine d’Etats européens et de l’UE.

Il faut “créer un mécanisme international efficace et constamment opérationnel qui empêchera que de telles situations ne se reproduisent et qui assurera le transit”, avait jugé à cette occasion le président russe Dmitri Medvedev.

La Russie veut que les livraisons à travers l’Ukraine recommencent “dans les tout prochains jours”, avait-il encore dit.

Les pourparlers moscovites avaient été considérés comme étant ceux de la “dernière chance” par une Commission européenne que les innombrables rebondissements de la “guerre du gaz” avaient exaspérée.

L’Europe ne reçoit plus du tout de gaz russe via le territoire ukrainien depuis le 7 janvier.

L’accord de dimanche prévoit que la Russie vendra à l’avenir son gaz à l’Ukraine “à un prix fondé sur la formule européenne”, mais avec un rabais de 20% pour l’année 2009 “à condition que les prix du transit restent au niveau fixé pour 2008”, a expliqué M. Poutine.

“A partir du 1er janvier 2010, l’UKraine et la Russie passeront à des prix européens pour le gaz et le transit”, a-t-il poursuivi.

“Ce serait intéressant de voir ce que cela va être”, a simplement commenté le porte-parole de la compagnie ukrainienne des hydrocarbures Naftogaz, Valentin Zemlianski.

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és de la centrale nucléaire Kruemmel, le 14 août 2007 à Geesthacht, dans le nord de l’Allemagne (Photo : Roland Magunia)

Rien n’a filtré non plus au sujet de l’épineux problème du “gaz technique” nécessaire à la mise sous pression des gazoducs ukrainiens.

Plusieurs entreprises européennes ont été approchées afin de tenter de constituer un consortium chargé de fournir ce gaz, pour lequel ni Moscou ni Kiev ne voulaient payer jusqu’ici, sans grand-chose de concret à l’heure actuelle.

En fonction des pays, une fois les vannes rouvertes, 24 à 72 heures de livraisons ininterrompues seront nécessaires pour voir à nouveau arriver le gaz russe, qui représente un quart de la consommation gazière de l’UE et qui est transporté pour l’essentiel via le territoire ukrainien.

Conséquence de la crise, le ministre allemand de l’Economie Michael Glos a insisté sur une diversification des sources énergétiques impliquant de faire fi du renoncement au nucléaire en Allemagne, et la Slovaquie décidera prochainement du sort d’un vieux réacteur de type soviétique qu’elle pourrait réactiver.

Prudents, les analystes relèvent qu’un premier accord, prévoyant le déploiement d’observateurs, arraché il y a une semaine par l’UE, avait vite tourné court.

D’autres rappellent que M. Poutine et Mme Timochenko avaient signé un protocole sur le gaz le 2 octobre 2008 sur un passage graduel pour l’Ukraine à des “prix du marché”, ce qui n’avait pas empêché l’actuelle “guerre du gaz”.

Un conflit russo-ukrainien sur le prix de cet hydrocarbure avait également perturbé début 2006 l’approvisionnement de plusieurs pays européens.