Concurrence bancaire : La “note de frais” !

L’on n’est jamais bien armé face à son banquier. Le relevé
annuel est à la fois un bouclier et un atout concurrentiel.

Heureux, les clients des banques françaises, qui démarrent
l’année avec un nouvel instrument de longue portée concurrentielle. Les banques
françaises devront adresser un relevé annuel des frais à leurs clients
particuliers et professionnels (métiers de libre pratique, artisans).

La nature de l’instrument

Le relevé annuel sera détaillé avec une ventilation des frais entre plusieurs
catégories de prestations. Il y aura les opérations que le client a réalisées.
Puis ceux relevant des moyens de la monétique. Enfin, viennent les frais générés
par la situation de son compte. Dans le détail, le client connaîtra les frais de
traitement des incidents de paiement tels les chèques rejetés, les agios nés
d’un découvert ou d’un solde débiteur fréquent.

On peut regretter pour l’instant que le document en question ne soit pas
uniformisé et que chaque établissement le présentera à sa guise, ce qui ne
facilite pas l’opération de comparaison entre établissements.

L’utilité du relevé annuel

Quand bien même les tarifs sont connus d’avance, il est toujours utile de
disposer d’un relevé annuel pour connaître la charge de son compte bancaire. Ce
récap’ des frais prélevés pour la gestion du compte personnel permet de pondérer
les frais pour avoir une idée précise du coût par grande rubrique d’utilisation
: le package de services, les moyens de paiement, les incidents de
fonctionnement et les agios. On pense que ce sera un instrument pédagogique pour
aider le client à adapter son comportement. C’est de même un «devis» pour
négocier les tarifs des opérations avec son banquier, qui sont annoncées lors de
la signature de la convention de gestion de compte mais dont on découvre
l’impact réel avec le relevé annuel.

L’objectif de transparence

A l’évidence le relevé annuel devient un instrument de «benchmarking»
puisqu’il permet de comparer entre les banques. Les autorités de tutelle
considèrent que c’est un instrument supplémentaire et efficace de vérité des
prix, donc susceptible de faire jouer la concurrence entre les établissements
bancaires.

Une étude récente montre qu’il existe des profils d’utilisateurs, nés
davantage du comportement du client que de la nature de son activité. On note le
profil «très actif», celui «actif» et enfin le «peu actif». En réalité, c’est la
densité des opérations et leur diversité qui sous-tendent ce classement. On a
dans ce sillage établi un benchmarking international. On sait qu’un client
«Actif», paie 67 euros en France, 52 euros en zone Asie/Pacifique,73 en zone
Euro, 79 en Amérique du Nord pour une moyenne mondiale de 70 euros.

Un instrument de recours

L’on s’en doute bien, à réception du relevé, les clients vont procéder à un
état de rapprochement de leur compte pour s’assurer de la justesse des
prélèvements. En cas où des erreurs sont constatées, le client dispose d’un
moyen de recours contre sa banque, grâce au relevé. Cependant, un test a eu lieu
en région parisienne. Une banque a distribué un échantillon de 1.000 relevés et
à sa grande surprise, 4% des clients uniquement ont manifesté des réclamations.
Donc, il règne une certaine indifférence pour le document. Mais peut-être que
les clients ont été anesthésiés par trop d’années d’inertie. Peut-être que le
relevé réveillera leur instinct commercial au fil du temps.

En tout état de cause, on peut dire du relevé ce qu’on dit du sucre Canderel,
on est mieux avec que sans. Par ailleurs, on sait qu’en France il n’y a pas une
grande mobilité commerciale des clients «particuliers» (personnes physiques) des
banques. Seuls 4% des clients changent de banque.

Importer le relevé annuel

Le système bancaire tunisien s’est délibérément engagé sur la voie de la
concurrence. L’observatoire a institué de nombreuses pratiques de transparence.
La profession s’est prêtée de bonne grâce aux journées «portes ouvertes». Ce
serait bien qu’on en vienne aux «tiroirs ouverts» et qu’on institue le relevé
annuel des frais bancaires. Face à une profession qui a cultivé de tradition le
secret professionnel, un pas de plus vers la transparence mettrait plus le
métier à jour et jetterait davantage de lumière dans les rapports entre ces deux
partenaires.