Crise du gaz : des documents signés lundi à Moscou, mais scepticisme de l’UE

[19/01/2009 15:44:34] MOSCOU (AFP)

Les compagnies d’Etat russe et ukrainienne, Gazprom et Naftogaz, ont signé lundi à Moscou un contrat sur les livraisons de gaz à l’Ukraine et sur le transit vers l’Europe, d’après des images diffusées à la télévision.

Avant cette signature, le scepticisme régnait en Europe et dans la presse russe quant à une résolution rapide de cette crise.

Ioulia Timochenko, le Premier ministre ukrainien, s’est à nouveau rendue au cours de l’après-midi dans la capitale russe, où elle a entamé des entretiens avec son homologue Vladimir Poutine, selon les agences russes.

Elle a assuré que, sitôt la signature – en principe après ses discussions avec le chef du gouvernement russe – des contrats par les compagnies d’Etat des deux pays Gazprom et Naftogaz, à laquelle elle assistera, “le transit (vers l’Europe) serait rétabli”.

A l’issue des longues tractations diplomatiques du week-end à Moscou avec Mme Timochenko et de l’annonce d’un accord bilatéral, M. Poutine avait, de son côté, déclaré que ces livraisons reprendraient “sous peu”.

Mais l’Union européenne ne se montrait guère optimiste : “il y a eu trop d’accords rompus et de promesses non tenues”, a déploré la présidence tchèque de l’UE.

De fait, un compromis prévoyant le déploiement d’observateurs, arraché il y a un peu plus d’une semaine par l’UE, avait vite tourné court.

“Pour l’instant, le gaz ne circule pas, et il n’y a aucune raison pour qu’il ne circule pas”, s’est exclamé lundi Johannes Laitenberger, porte-parole du président de la Commission européenne José Manuel Barroso, qui a, pour sa part, parlé le même jour au téléphone avec Ioulia Timochenko et Vladimir Poutine.

Les Européens sont excédés par les innombrables rebondissements de la “guerre du gaz”, le Vieux continent étant totalement privé de livraisons gazières russes en provenance de l’Ukraine depuis le 7 janvier.

“Ce conflit a tendance à se répéter”, renchérissait le quotidien économique Vedomosti, doutant, au diapason de nombreux journaux russes, d’une fin à brève échéance de la “guerre du gaz”.

Les analystes se demandaient toujours quand et comment le compromis si difficilement trouvé dimanche entrerait en vigueur, tandis que de nombreuses autres interrogations portaient sur ses aspects financiers ou l’accueil qui lui sera réservé à Kiev, en proie à une instabilité politique chronique.

La présidence ukrainienne a d’ailleurs simplement indiqué attendre de connaître le prix auquel sera facturé le gaz russe en 2009 avant d'”évaluer” l’accord passé entre les Premiers ministres.

Et la presse russe de rappeler l’âpre lutte de pouvoir en cours à Kiev entre le chef de l’Etat Viktor Iouchtchenko et Mme Timochenko.

“On pourrait croire que l’accord conclu (à Moscou) est la victoire de M. Poutine sur l’Ukraine et, bien sûr, la victoire de Mme Timochenko sur Viktor Iouchtchenko. On le pourrait, si on avait la certitude que Mme Timochenko avait un mandat pour mener ces négociations et si on était sûr que le président ukrainien était d’accord”, écrivait le quotidien Izvestia.

Les journaux ukrainiens s’intéressaient eux avant tout au prix du gaz russe.

L’accord de dimanche prévoit que la Russie vendra à l’avenir son gaz à l’Ukraine à un tarif “fondé sur la formule européenne”, mais avec un rabais de 20% pour l’année 2009 “à condition que les prix du transit restent au niveau fixé pour 2008”, a expliqué M. Poutine.

“A partir du 1er janvier 2010, l’Ukraine et la Russie passeront à des prix européens pour le gaz et le transit”, a-t-il poursuivi.

Rien n’a été rendu public en revanche concernant l’épineux problème du “gaz technique” nécessaire à la mise sous pression des gazoducs ukrainiens.

Plusieurs entreprises européennes ont été approchées afin de tenter de constituer un consortium chargé de fournir ce gaz, pour lequel ni Moscou ni Kiev ne voulaient payer jusqu’ici, mais rien de concret n’a été décidé.

En fonction des pays, une fois les vannes rouvertes, 24 à 72 heures seront nécessaires pour voir à nouveau arriver le gaz russe, qui représente un quart de la consommation gazière de l’UE et qui est transporté pour l’essentiel via le territoire ukrainien.

La Grèce a commencé lundi à fournir du gaz à la Bulgarie, durement touchée par l’interruption de ces livraisons.