La question n’est plus de savoir pourquoi nous sommes passés
d’un million de vacanciers allemands en 2000, à la moitié en 2008. Aujourd’hui,
il s’agit de comprendre pourquoi nous n’avons pu retrouver nos performances
d’avant, alors que d’autres destinations, y sont parvenues et largement ?
Qu’allons-nous faire pour en gagner plus, ou ne pas en perdre davantage ?
La question à l’ordre du jour de la 2ème rencontre tuniso-allemnade sur le
tourisme fut «le marché touristique allemand, sur la voie de la reconquête».
Trois mots ont ponctué la journée: Produit (qualité, diversification),
marketing (image et prix) et environnement (nature et marché).
Inlassablement, ils ont été omniprésents.
La destination Tunisie a concentré tous ses efforts, pendant longtemps, sur
le segment balnéaire orienté famille. Cela a certes fait son succès, mais elle
en est aussi restée prisonnière. Aujourd’hui, les hôteliers tunisiens sont en
mal de clients. Les opérateurs allemands sont dans l’attente de propositions
urgentes de diversification de produits. La Tunisie est leader d’un segment qui
s’amenuise au fil des ans. «Les temps des marchés de masse est révolu», a
lâché M. Werner Sulberg, président du Cercle d’experts études de marché et
statistiques, l’un des experts allemands, faisant état des lieux et
potentialités de la destination en Allemagne.
Le prix de la destination est le moins cher du Bassin méditerranéen. Il se
situe autour de 53 euros la nuitée, aérien compris. Les opérateurs allemands
appellent à plus de qualité, mais les professionnels dénoncent «…une pression
énorme. Avec de telles pressions sur les prix, il est quasiment impossible de
revaloriser le produit ». La réalité est crue. Il est urgent de casser le
cercle vicieux. La qualité va justifier la reprise de prix et le prix va
permettre le regain de qualité.
Il est clair que le tourisme tunisien peine à s’adapter aux attentes d’un
monde qui communique beaucoup et bouge très vite. Trop longtemps pensé pour et
par des hôteliers, la destination a fini par lasser. «Il faut croire que nous
ne savons pas nous vendre. Il est urgent d’en appeler à un tiers de le faire,
alors ! », résume un hôtelier qui souhaite garder l’anonymat.
De l’avis de tous, l’image de la destination est floue, la communication
approximative et le marketing à revoir.
La question est aussi de savoir si nous avons les produits nécessaires et
suffisants pour affronter des demandes plus spécifiques. Pouvons-nous répondre à
des exigences de qualité et de diversité ? Arriverons-nous à faire un peu plus
de tourisme et un peu moins d’hôtellerie ?
«L’investissement a toujours été de béton, de marbre et de coups de
milliards de constructions, ou ne l’est pas», résume un observateur.
L’animation touristique et le para-hôtelier restent toujours le parent pauvre.
Pour édifier certaines zones touristiques, des investissements colossaux ont été
engagés. Le cas fantomatique de Yasmin Hammamet par une froide nuit de janvier
en est un exemple édifiant.
Bien que décalé, le tourisme tunisien sait être leader, mais pourquoi
s’essouffle- t-il aussi vite ?
Alors que l’on serait tenté de croire que l’offre tunisienne saisit
péniblement les tendances, on remarque bien au contraire qu’elle sait développer
des produits en avant-garde. Très vite, une certaine lenteur la ralentit. Elle
rate alors des tournants importants en laissant échapper certaines ”modes” au
point de se retrouver en “conflit” avec sa cible.
Durant cette dernière décennie, la Tunisie a relevé l’énorme défi de se
hisser au top des destinations thalassothérapies dans le monde. Aujourd’hui et
plus que jamais, l’heure est au tourisme santé, bien-être et détente. La
thalassothérapie se privatise, s’individualise, se labélise, se tourne vers le
spa, vers l’esthétique, …Que faisons-nous aujourd’hui pour préparer demain ? La
Thalassothérapie vieillit vite et mal. Entre temps, de nouvelles destinations
concurrentes s’érigent en compétiteurs sérieux, alliant la qualité à
l’innovation.
Selon diverses études, la tendance des produits les plus vendus en Allemagne,
avant la crise financière et économique, sont la remise en forme, les séjours
actifs, le tourisme urbain et les offres spécifiques pour les seniors et les
croisières. Une clientèle vieillissante se profile dans un horizon immédiat. Il
s’agit de répondre à ces transformations et d’anticiper ses attentes.
Pour survivre, la destination se doit de séduire à nouveau. Elle en a les
ressources, les compétences et la volonté. Elle se doit de trouver et
reconstruire ses voies.