La crise est profonde mais loin de ressembler à 1929

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à Francfort (Photo : John Macdougall)

[19/01/2009 17:58:56] PARIS (AFP) La crise économique et financière est profonde mais loin d’être aussi dramatique que celle de 1929, et une reprise est à attendre en 2010, ont estimé plusieurs économistes lors du colloque annuel de la Coface sur le risque pays lundi.

La Coface prévoit pour cette année une croissance mondiale de 0,9% seulement, mais attend une embellie en 2010.

Cette année “sera très difficile” mais “considérer 2010 comme année de la reprise est une bonne hypothèse”, a estimé le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, invité du colloque.

Pour l’assureur-crédit Coface, la crise de crédit a atteint “une nouvelle dimension au quatrième trimestre, à l’heure où même les entreprises de pays résistants jusqu’alors”, comme l’Allemagne, voient une accélération de leur défauts de paiement.

Cette crise atteint aussi “la Russie et la Chine”, constate pour sa part François David, président de la Coface, qui a annoncé lundi qu’elle pourrait abaisser les notes de ces deux pays.

Les économies d’Europe de l’Est sont elles aussi particulièrement vulnérables et la Coface envisage de dégrader les notes de la Slovénie, de la Croatie et de la Hongrie. Elle a déjà abaissé celles de 22 pays, dont l’Australie, la Nouvelle-Zélande, Taiwan, Hong Kong et le Mexique.

Peter Praet, directeur de la Banque nationale de Belgique, souligne que les évaluations du coût de la crise se situent pour l’instant “entre 1.000 et 3.000 milliards de dollars”.

“Sans intervention énergique” de la part des pouvoirs publics, “il y a un risque important de baisse de production de l’ordre de 7 à 8% aux Etats-Unis, en Europe et au Japon, alors que consommation et investissement reculent”, a renchéri Kenneth Rogoff, professeur à l’université d’Harvard.

Les précédentes crise financières “profondes” se sont accompagnées d’une récession “qui a duré deux ans”, d’une hausse du “chômage de quatre ans”, d’une baisse du prix du logement “de cinq ans”, et d’une hausse massive de la dette publique, a-t-il aussi rappelé.

L’ampleur de la crise est pour l’instant un peu inférieure à celle de 1992-1993, mais un peu plus importante qu’en 2001-2002, a précisé M. David, en insistant sur le fait que “ce n’est pas la crise de 1929, qui s’était traduite par une baisse de la croissance mondiale de 25% sur deux-trois ans”.

Un avis partagé par Kenneth Rogoff, qui considère que “les comparaisons avec la Grande Dépression sont exagérées”.

Pour M. Trichet, la confiance est l’ingrédient (…) qui manque le plus” à l’économie actuellement et après avoir “sous-estimé les risques en 2008 et 2009”, ce serait “une grave erreur de surestimer les risques” en 2010 et au-delà.

Il voit notamment quatre raisons de croire en une reprise l’an prochain: “la réactivité des autorités publiques”, le potentiel de croissance “considérable” des économies émergentes, le progrès “remarquable” de la technologie, “source d’une large partie de la croissance de demain” et la baisse du prix des matières premières, “désinflationniste et expansive”.

Robin Bhar, analyste chez Calyon Crédit Agricole, s’attend à ce que prix le prix des matières premières reste sous pression cette année mais prévoit un rebond de la demande et donc des prix en 2010.

Pour lui, la faiblesse des cours encourage notamment dans le secteur pétrolier un report des projets d’extraction, ce qui “sème les germes d’un futur marché haussier”.

Côté immobilier, Guy Nafilyan, PDG de Kaufman and Broad, estime aussi qu’un sous-investissement menace: “le gouvernement français estime les besoins à 500.000 logements, ce qui est en décalage avec les réalisations prévues, puisqu’on va construire 180.000 logements en 2009”.