[19/01/2009 20:36:35] MOSCOU (AFP)
Le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, le 19 janvier 2009 (Photo : Alexey Druzhinin) |
La reprise des livraisons de gaz russe à l’Ukraine et à l’Europe est imminente, ont assuré lundi les Premiers ministres russe Vladimir Poutine et ukrainien Ioulia Timochenko, après la signature d’accords levant les derniers obstacles à la résolution de la crise.
Kiev s’attend à ce que la Russie fasse circuler “dans les prochaines heures” son gaz à travers le territoire ukrainien, a annoncé Ioulia Timochenko.
“Nous redémarrerons le transit dès que le gaz arrivera dans le réseau de gazoducs ukrainiens”, a-t-elle promis, insistant sur le fait qu'”il n’y aura pas de retards dus à l’Ukraine”.
“A l’heure actuelle, l’Ukraine et la Russie ont réglé tous les problèmes” et “ne feront aucune réclamation sur leurs pertes” liées au conflit déclenché au début de l’année, a noté Mme Timochenko.
Le géant russe Gazprom s’est vu enjoindre d’acheminer à nouveau du gaz en Ukraine, a, quant à lui, déclaré Vladimir Poutine, à l’issue d’entretiens à Moscou avec son homologue ukrainienne, avec laquelle il avait conclu dimanche un accord, également dans la capitale russe.
“Gazprom a reçu l’ordre de commencer les livraisons de gaz dans toutes les directions” et “est prêt à répondre à la demande quotidienne des consommateurs européens”, a affirmé M. Poutine, au cours de la cérémonie de signature de contrats entre les compagnies d’Etat russe Gazprom et ukrainienne Naftogaz.
Les documents paraphés au siège du gouvernement russe par les patrons des deux entreprises, Alexeï Miller et Oleg Doubina, en présence des Premiers ministres russe et ukrainien, portent sur l’approvisionnement en gaz de l’Ukraine et sur le transit par son territoire vers le Vieux Continent, le tout pour une période de dix ans.
Vladimir Poutine a dit espérer que le passage du gaz russe vers l’Europe reprendrait “prochainement”.
Prudente après les divers rebondissements et déconvenues des derniers jours, la Commission européenne a exigé lundi de connaître l’heure précise du début des livraisons à l’Europe, ajoutant que ses observateurs vérifieraient sa bonne circulation.
En attendant, le Groupe de coordination sur le gaz – une instance regroupant des experts des 27 pays de l’UE ainsi que des représentants de l’industrie gazière – s’est réuni lundi à Bruxelles pour évaluer la situation dans les divers pays de l’UE, concluant que la situation restait “tendue”.
M. Poutine a expliqué que la Russie et l’Ukraine s’étaient entendues dur “une formule de (prix de) marché à l’européenne pour le commerce du gaz à partir du 1er janvier 2009. De plus, toutes sortes d’intermédiaires seront totalement exclus des schémas de règlement pour le gaz livré”.
Les détails des contrats n’étaient pas connus lundi, mais Mme Timochenko a relevé que le prix moyen du gaz russe pour l’Ukraine en 2009 serait “proche” de 230-250 dollars pour 1.000 m3.
Le tarif sera établi en fonction d’une “formule” utilisée pour les pays européens et qui tient compte du prix du pétrole, a expliqué Mme Timochenko, en s’engageant à fournir un chiffre précis “d’ici deux à trois jours”.
Le transport par les gazoducs ukrainiens n’a plus besoin d’être contrôlé par des observateurs internationaux, a encore jugé le chef du gouvernement russe.
La Russie avait dans un premier temps lié la reprise de ses livraisons à l’Europe via l’Ukraine à la mise en place sur le territoire ukrainien d’un système de surveillance du transit, Moscou ayant accusé Kiev de prélever illégalement du gaz destiné à l’approvisionnement des Européens.
Un accord en ce sens avait été passé il y a un peu plus d’une semaine et des observateurs internationaux avaient été déployés.
Moscou avait arrêté ses livraisons à l’Ukraine le 1er janvier 2009 en raison d’un conflit sur le prix du gaz et sur des arriérés de paiement. La Russie avait interrompu le 7 janvier la totalité de ses envois de cet hydrocarbure à l’Europe via l’Ukraine, qu’elle accusait de “voler” du gaz.
Selon les pays, une fois les vannes rouvertes, 24 à 72 heures seront nécessaires pour voir à nouveau arriver le gaz russe, qui représente un quart de la consommation gazière de l’UE et qui est transporté pour l’essentiel via le territoire ukrainien.