Tunisie – Ecotourisme : Un mégaprojet écolo au nord-ouest

Parmi les mégaprojets dont on entendra parler, en 2009,
figure un projet de grande qualité environnementale, le projet éco-touristique
que le groupe italien Preatoni va réaliser au nord-ouest de la Tunisie, plus
exactement tout le long du littoral qui va de Cap Serrat (gouvernorat de
Bizerte) jusqu’à la belle plage de Zouaraa (gouvernorat de Béja). Le projet
prévoit également la valorisation des montagnes de kroumirie dans les zones
touristiques d’Ain Draham et de Tabarka.

Le groupe immobilier et touristique italien “Preatoni Investments” compte
investir 22 milliards d’euros aux fins de valoriser les sites naturels de cette
zone classée zone protégée par le Fonds mondial de l’environnement. Il s’agit
d’un coktaïl de plages à perte de vue et de chaînes de montagnes verdoyantes des
Mogods et de Kroumirie.

Ce projet éco-touristique haut standing aura pour composantes : résidences,
hôtels, stations balnéaires, centres de loisirs, marinas, et même des réserves
naturelles pour certaines espèces animales.

Les premières indications sur ce projet ont été fournies, il y a une année et
deux mois, plus précisément un certain 3 novembre 2007, date à laquelle le
président Ben Ali avait accordé une audience à l’investisseur italien Ernesto
Preatoni, président du groupe milanais Preatoni, propriétaire de la chaîne
hôtelière Domino (40 hôtels dans 15 pays).

En novembre 2008, M.Préatoni est revenu à Tunis pour renégocier les
conditions de démarrage de son projet. Un problème foncier ne serait pas encore
réglé.

De par le montant de l’investissement prévu, ce projet, haut de gamme, vient
équilibrer, un tant soit peu, l’apport en «béton» des investisseurs émiratis
dans le Grand Tunis, particulièrement des holding Sama Dubai avec son projet «la
Porte de la Méditerranée» et Al Maabar qui projette de réaliser sur la Sebkhat
Ariana une autre ville «Bled El Ward».

Le projet devrait contribuer, durant les différentes phases de sa
concrétisation et lors de sa mise en exploitation, à la création de près de 30
mille postes d’emploi, outre la nouvelle impulsion qu’il donnera à la dynamique
de développement dans la région.

Selon une étude du programme méditerranéen du Fonds mondial de la nature (wwf),
la région côtière du nord-ouest de Tunisie figure parmi les 13 sites de la
Méditerranée qui se distinguent par leur richesse naturelle, par leur
biodiversité et par leurs espèces végétales et animales uniques.

La Tunisie, consciente que le patrimoine naturel tout autant que l’héritage
culturel ne sont pas par essence non renouvelables, a pris les mesures requises
pour sauvegarder les écosystèmes fragiles.

Le gouvernement tunisien est convaincu plus que jamais que «l’écotourisme
représente un moyen très puissant pour valoriser la biodiversité, c’est-à-dire
la totalité des gènes, des espèces (animales, végétales, microorganismes) et des
écosystèmes».

Depuis, des efforts sont déployés par les autorités tunisiennes et le Fonds
mondial de la nature pour la création d’un parc naturel côtier en vue de tirer
profit des avantages naturels de cette zone dans l’objectif de promouvoir
l’écotourisme, tout en contribuant à l’intégration des habitants locaux dans le
processus de développement durable.

S’étendant de Cap Serrat (gouvernorat de Bizerte), à la plage d’Ezzouaraa
(gouvernorat de Béja) et à Tabarka (gouvernorat de Jendouba), cette région est
propice au développement du tourisme écologique que la Tunisie se propose de
développer pour diversifier son produit touristique axé jusqu’ici sur le
balnéaire.

Cette région côtière de Kroumirie/Mogod se caractérise par la diversité des
paysages: dunes de sable recouvertes de végétation rares, forêts de chêne liége,
étendues de sable et de pierre et bancs de coraux, longeant une mer où vivent
dauphins, tortues de mer et autres ressources halieutiques très riches.

Les animaux vivant dans cette région sont principalement le cerf de barbarie,
la loutre, le chacal, le renard, le chat sauvage et le sanglier.

Un parc national a été créé, en 1993, à Jebel Chitana où se trouvent des
plans d’eau exceptionnels (lacs de montagne d’eau douce d’un genre très rare en
Tunisie).

Néanmoins, les écologistes purs et durs mettent en garde contre une mauvaise
interprétation de l’écotourisme. Ce dernier ne doit nullement consister à placer
un hôtel au beau milieu d’un splendide paysage au détriment de l’écosystème
local. D’où tout l’enjeu de dénoncer la tendance de certains opérateurs à
utiliser les parcours en véhicules tout terrain, à y construire des piscines et
habitations dotées d’air conditionné. Une telle tendance ne fait que
marginaliser la faune, la flore et la communauté locales. Ce genre d’activités
est appelé «lavage vert» par les professionnels du secteur, et cache un tourisme
de masse conventionnel présenté comme «vert».