[19/01/2009 19:04:03] MADRID (AFP)
ômeurs devant une nouvelle agence pour l’emploi à Madrid, le 13 janvier 2009 (Photo : Philippe Desmazes) |
La note de solidité financière de l’Espagne a été abaissée lundi par l’agence Standard & Poor’s (S&P), une révision qui découle de la crise économique profonde que traverse le pays et de la dégradation rapide de ses finances publiques.
La note qui évalue la capacité de l’Espagne à rembourser à long terme sa dette publique, a été révisée à “AA+” contre une note précédemment attribuée de “AAA” qui était la meilleure possible.
Le sévère ralentissement économique vécu par l’Espagne depuis 2008 en raison de l’éclatement de la bulle immobilière et de la crise financière internationale, a révélé la “faiblesse structurelle” de l’économie espagnole, a jugé l’agence de notation.
Le pays qui a connu jusqu’à fin 2007 des résultats économiques éclatants, faisant beaucoup d’envieux parmi les pays européens, avec des taux de croissance annuels supérieur à 3,5% et des comptes publics en excédent, a connu un retournement complet de situation en l’espace de quelques mois.
Selon des prévisions diffusées lundi par la Commission européenne, l’Espagne connaîtra une récession en 2009 avec une contraction de 2% de son Produit intérieur brut et aura plus de mal que ses voisins à se reprendre le chemin de la croissance en 2010, avec un nouveau recul prévu de son PIB, de 0,2%.
“Les conditions économiques et financières actuelles ont mis en lumière la faiblesse structurelle de l’économie espagnole, qui est incompatible avec la note AAA”, a expliqué S&P dans un communiqué.
L’agence n’a pas modifié la note attribuée à la dette à court terme, avec un maintien à “A-1+” et la perspective associée à ces notes a été placée à “stable”, ce qui signifie que S&P ne s’attend pas à une détérioration de la situation du pays qui remette en cause ces évaluations.
SP explique que “les finances publiques vont souffrir” face au “déclin attendu des perspectives de croissance de l’Espagne” tandis que “la réponse politique pourrait se révéler insuffisante pour contrer effectivement les difficultés” du pays.
Les comptes publics qui étaient jusqu’à la mi-2008 en excédent, se sont progressivement enfoncés dans le rouge. La Commission européenne table, dans ses prévisions de lundi, sur un déficit des comptes public espagnols en 2009 équivalent à 6,2% du PIB (bien au-delà du plafond de 3% recommandé par le pacte de stabilité européen) puis à 5,7% du PIB en 2010.
L’agence reconnaît que l’Espagne dispose d’une marge de manoeuvre fiscale que n’ont pas nombre de ses voisins européens, grâce aux excédents engrangés les années passées, pour mettre en place une politique de relance, mais S&P doute de l’efficacité de telles mesures.
Le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero a adopté, ces derniers mois, plusieurs mesures pour relancer l’activité, avec notamment un plan de grands travaux publics doté de 11 milliards d’euros et des baisses d’impôts.
Mais Madrid a reconnu vendredi, dans ses nouvelles prévisions macro-économique, que le chômage –déjà en forte hausse en 2008 avec la perte de près d’un million d’emplois– devrait continuer à grimper en 2009 pour s’établir à 15,9% contre 11,33% au troisième trimestre 2008.
Le ministre de l’Economie Pedro Solbes avait anticipé et relativisé l’abaissement de la note par S&P. “Il s’agit de passer de +excellent+ à +très bien+”, avait-il déclaré dans une interview publiée dimanche par El Pais.
La Bourse de Madrid a relativement peu réagi à l’annonce, déjà largement attendue depuis l’annonce, la semaine passée, d’une “mise sous surveillance négative”. L’indice Ibex-35 reculait de 1,77% à 8.467,8 points vers 14H55 GMT, en phase avec les autres places européennes.