Gaz : la reprise du transit vers l’Europe est imminente

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à Vodice, en Slovénie, le 15 janvier 2009 (Photo : Matej Leskovsek)

[20/01/2009 05:13:16] MOSCOU (AFP) Le géant gazier russe Gazprom va reprendre les livraisons de son gaz vers l’Europe via le territoire ukrainien mardi à 10H00 heure de Moscou (07H00 GMT), a indiqué à l’AFP le porte-parole de Gazprom, Sergueï Kouprianov, après la signature lundi d’accords censés lever les derniers obstacles à la résolution de la crise.

“A 04H00 heure de Moscou (01H00 GMT), on a donné l’ordre (de commencer la préparation à la reprise de livraisons, ndlr), le transit commencera à 10H00 heure de Moscou (07H00 GMT)”, a déclaré M. Kouprianov.

Le Premier ministre ukrainien Ioulia Timochenko avait affirmé plus tôt que Gazprom avait repris les livraisons de son gaz vers l’Europe par le territoire ukrainien mardi à 01H00 GMT.

“A 04H00 de Moscou (01H00 GMT) Gazprom a laissé le gaz circuler vers l’Europe. On a visité un point de contrôle” au siège de la société russe, a-t-elle déclaré avant de s’envoler pour Kiev après sa visite au siège de Gazprom, où elle a discuté avec ses responsables des conditions de la reprise du transit.

Mme Timochenko a assisté lundi à Moscou à la signature d’accords entre les compagnies énergétiques russe et ukrainienne, Gazprom et Naftogaz, devant mettre fin au différend entre Moscou et Kiev.

Aussitôt après la signature, elle avait indiqué s’attendre à la reprise des fournitures russes vers l’Europe “dans les prochaines heures”.

“Gazprom a reçu l’ordre de commencer les livraisons de gaz dans toutes les directions” et “est prêt à répondre à la demande quotidienne des consommateurs européens”, a confirmé M. Poutine, au cours de la cérémonie de signature de contrats. Il a ajouté espérer que le passage du gaz russe vers l’Europe reprendrait “prochainement”. De fait, M. Poutine a indiqué que les documents paraphés, qui portent sur l’approvisionnement en gaz de l’Ukraine et sur le transit par son territoire vers le Vieux Continent, courent sur une période de dix ans.

Il a également estimé qu’ils rendaient la présence des observateurs, déployés la semaine dernière sur l’insistance de la Russie, désormais inutile. Selon lui, la Russie et l’Ukraine se sont entendues sur “une formule de (prix de) marché à l’européenne pour le commerce du gaz à partir du 1er janvier 2009”.

Le détail des contrats n’était pas connu mardi matin, mais Mme Timochenko a relevé que le prix moyen du gaz russe pour l’Ukraine en 2009 devrait se monter à 230 dollars les 1.000 m3. “Nous escomptons (…) arriver au niveau de 230 dollars sur l’année”, a-t-elle dit, affirmant par ailleurs que le tarif en 2010 allait rester inférieur “de 10%” par rapport à celui appliqué aux pays européens. Enfin, selon Mme Timochenko, l’Ukraine a acquis auprès de la Russie, à un prix de 167 dollars/1000 m3, 11 milliards de m3 de gaz technique, nécessaire pour maintenir la pression dans les tuyaux et qui constituait une des pommes de discorde entre Kiev et Moscou.

Le président ukrainien Viktor Iouchtchenko, adversaire politique de Mme Timochenko, n’avait toujours pas réagi mardi matin à l’annonce de l’accord, mais l’un de ses subordonnés l’a vivement critiqué: “Nous donnons à la Russie plus de 60% de rabais sur le transit (…) et nous allons subventionner Gazprom”, a déploré le représentant de la présidence pour la sécurité énergétique Bogdan Sokolovski, cité par Interfax. Avec un prix annuel de 235-240 dollars, la facture risque de grimper à plus de 300 dollars pour les consommateurs finaux ukrainiens, a-t-il noté, prédisant “une phase difficile pour l’économie ukrainienne”.

Prudente après les divers rebondissements et déconvenues des derniers jours, la Commission européenne a exigé lundi de connaître l’heure précise du début des livraisons à l’Europe. “Nos observateurs vérifieront quand le gaz commencera effectivement à circuler”, a-t-elle ajouté dans un communiqué.

Selon les pays, une fois les vannes rouvertes, 24 à 72 heures seront nécessaires pour voir à nouveau arriver le gaz russe, qui représente un quart de la consommation gazière de l’UE et qui est transporté pour l’essentiel via le territoire ukrainien.

Moscou avait arrêté ses livraisons à l’Ukraine le 1er janvier et interrompu le 7 janvier la totalité de ses envois à l’Europe via l’Ukraine, qu’elle accusait de “voler” du gaz.