[20/01/2009 14:00:07] MOSCOU (AFP)
ï Miller (Gazprom) dans la salle de contrôle de Gazprom, le 20 janvier 2009 à Moscou (Photo : Alexander Prokopenko) |
La Russie et l’Ukraine ont enfin rouvert les vannes de leurs gazoducs mardi, mettant fin à trois semaines d’un conflit acrimonieux et riche en rebondissements, et la Slovaquie a été la première à recevoir à nouveau du gaz en milieu de journée.
Conformément aux promesses faites la veille et dans la nuit par les Premiers ministres des deux pays, Vladimir Poutine et Ioulia Timochenko, les groupes russe Gazprom et ukrainien Naftogaz ont remis en route leurs systèmes de transport gazier mardi en milieu de matinée.
La Slovaquie a été la première à en bénéficier: “Je viens juste de recevoir l’information que le gaz a recommencé à arriver en Slovaquie, ce qui est la meilleure nouvelle du jour”, a déclaré à Bratislava le président du principal opérateur de gaz slovaque SPP, Bernd Wagner.
Les autres pays devront patienter un peu plus longtemps. Les groupes allemands EON Ruhrgas et RWE ont évoqué des délais de un à trois jours avant que les livraisons retrouvent leur niveau normal.
Gazprom va livrer au total via l’Ukraine 423,8 millions de mètres cubes par jour, dont 348,8 millions consacrés à l’exportation et 75 millions à la consommation ukrainienne. Ce volume total devrait être atteint dès mardi, a déclaré le numéro deux de Gazprom, Alexandre Medvedev dans une conférence téléphonique.
Il a confirmé que le prix du gaz pour l’Ukraine s’élèverait à 250 dollars cette année. Pour les clients européens, il sera d'”environ 280 dollars”, a-t-il dit.
ésident de la Commission européenne José Manuel Barroso. le 20 janvier 2009 à Bruxelles (Photo : Dominique Faget) |
L’Europe, privée depuis près de deux semaines du gaz russe transitant habituellement par l’Ukraine, a salué le retour du gaz par la voix du président de la Commission européenne José Manuel Barroso.
“Aujourd’hui, nous pouvons enfin saluer la reprise des livraisons de gaz russe à l’Europe”, a-t-il déclaré. “Nous pouvons maintenant dire à nos citoyens que le gaz est enfin en route”.
Il s’est toutefois dit “très déçu par la façon dont les dirigeants des deux pays ont négocié” pendant la crise. Malgré cela, il est dans l’intérêt de l’Europe de “maintenir et de développer nos relations avec la Russie (…) et avec l’Ukraine”, a ajouté M. Barroso.
C’est “la première fois de ma vie que je vois des accords annoncés avec aucune conséquence sur le terrain”, a-t-il souligné en allusion à un premier accord Russie-Ukraine-UE qui avait tourné court la semaine dernière. Il a ajouté que c’était “incroyable” et qu’il “ne l’oublierait pas”.
De son côté, la présidence ukrainienne a vivement critiqué le compromis conclu par Mme Timochenko. “Je suis déçu et anéanti” par cet accord, jugé encore “pire” que celui proposé avant le Nouvel An, a déclaré à Kiev un haut responsable de l’administration présidentielle, Alexandre Chlapak.
Il a toutefois ajouté que “le président (Viktor Iouchtchenko) n’a pas de moyen légal de s’opposer à ces décisions”, alors que les observateurs avaient pu craindre un temps que sa rivalité avec Mme Timochenko ne mette en péril l’accord avec Moscou.
Gazprom de son côté s’est félicité dans son communiqué du fait que les contrats signés lundi traitent séparément la question des livraisons à l’Ukraine et celle du transit, et que les deux accords courent sur dix ans.
Cela apporte “des garanties supplémentaires” qu’une interruption du transit vers les consommateurs européens via l’Ukraine “ne se renouvellera jamais plus”, s’est réjoui le groupe.
Gazprom a aussi tenté de pousser son avantage en faisant activement la promotion de ses deux projets de gazoducs contournant l’Ukraine, le Nord Stream et le South Stream.
“Nous sommes persuadés que chacun va tirer les conclusions qui s’imposent de cette situation déplorable et (…) que cela incitera à la diversification des voies de transit du gaz naturel aux consommateurs européens depuis la Russie, laquelle reste un fournisseur fiable et important de gaz à l’Europe”, a déclaré le porte-parole de Gazprom Sergueï Kouprianov.