ôté de Christine Lagarde le 20 juillet 2009 à Bruxelles (Photo : Dominique Faget) |
[20/01/2009 14:28:13] BRUXELLES (AFP) La très libérale présidence tchèque de l’UE insiste pour que l’Europe s’engage d’ores et déjà à réduire les déficits nationaux qui explosent avec la récession économique, mais tous les pays ne semblent pas considérer qu’il s’agit aujourd’hui de la priorité.
Les ministres des Finances européens doivent “envoyer le signal que les déficits publics doivent être consolidés le plus vite possible”, a souligné mardi le ministre tchèque des Finances, Miroslav Kalousek, avant une réunion avec ses homologues de l’UE à Bruxelles consacrée notamment à ce sujet.
“Après la coordination des plans de relance, il faudrait aussi ensuite une coordination de la consolidation” budgétaire, indique la présidence tchèque dans un document.
Les pays européens se sont mis d’accord en décembre sur un plan de relance d’environ 200 milliards d’euros, cumulant les efforts nationaux, qui a pour conséquence de creuser les déficits, déjà plombés par la baisse des recettes fiscales et la hausses des dépenses sociales (indemnités chômage etc..)
Dans ses prévisions publiées lundi, la Commission européenne prévoit une envolée des déficits publics, à 4,4% en 2009 et 4,8% en 2010, très au-dessus de la limite maximale tolérée de 3%.
Le gouvernement tchèque du libéral Mirek Topolanek s’inquiète de cette dérive, qui alourdit la dette des Etats. Lundi, il a toutefois reconnu que l’initiative de son pays sur les déficits aurait “un résultat incertain” car certains pays européens veulent “respecter les règles et d’autres pas”.
De fait, la réputation budgétaire de certains Etats européens commence à pâlir sur les marchés financiers. Deux pays, l’Espagne et la Grèce, ont vu leur notation dégradée par l’agence Standard and Poor’s.
De même, le fossé se creuse entre les taux pour les emprunts d’Etat des différents pays de la zone euro du fait de cette augmentation des déficits, entre les bons élèves et les autres, fragilisant la cohésion du bloc.
“On s’approche du pic de la crise et il faut des actions concertées et claires. Une crise qui est née des dettes ne peut pas être vaincue en accumulant encore plus de dettes sur le long terme”, a estimé mardi le ministre autrichien des Finances Josef Pröll.
Plus ironique, son homologue allemand Peer Steinbrück a dit voir “avec un certain scepticisme que tous ceux qui ont plaidé en novembre pour des grands plans de relance posent la question maintenant de savoir ce que ça veut dire pour les dettes”.
“Pourquoi est-ce qu’ils n’ont pas posé cette question au mois de novembre?”, a-t-il demandé.
Il a jugé que des règles communes pour la réduction des déficits seraient “avantageuses”, mais rappelé que “chaque pays est souverain dans ses décisions” en cette matière.
Lundi, le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, a également rappelé “l’obligation collective de nous doter d’une stratégie de sortie des déficits et des augmentations de niveau de la dette”.
Mais certains pays sont sceptiques sur l’opportunité d’avoir un débat sur les déficits dès à présent, alors que l’Europe va connaître cette année sa pire récession depuis la Deuxième guerre mondiale.
“Ce qui est très important, c’est (…) premièrement, la restauration de la situation du crédit, deuxièmement l’impératif de la relance et troisièmement, une fois que ces exercices là auront été exécutés, et que ça marche sur le terrain, il faudra évidemment revenir à des principes de gestion des finances publiques”, a estimé la ministre française de l’Economie Christine Lagarde.
“Je crois que c’est bien dans cet ordre là qu’il faut voir les choses”, a-t-elle dit.