[20/01/2009 17:30:22] MILAN (AFP)
èmes de Fiat et Chrysler |
En pleine crise de l’automobile, Fiat et Chrysler ont annoncé mardi un accord en vue de la formation d’une alliance stratégique, à travers laquelle l’italien prendrait au moins 35% de l’américain en difficulté, en échange de l’accès à sa technologie mais sans rien débourser.
“Fiat, Chrysler et Cerberus Capital Management (qui détient 80,1% de Chrysler) annoncent aujourd’hui qu’ils ont signé un accord non engageant afin d’établir une alliance stratégique globale”, ont-ils indiqué dans un communiqué commun.
En échange de l’accès de Chrysler à sa technologie (plate-formes, composants, moteurs moins gourmands), afin que l’Américain, dont les 4×4 et “pick-up” ne correspondent plus à la demande, puisse produire de nouveaux véhicules de petite et moyenne catégorie, Fiat “devrait recevoir une part initiale de 35%”, selon le communiqué.
Il n’est donc pas exclu que le groupe de Turin (nord de l’Italie), redressé de façon spectaculaire après des années de pertes, puisse monter au-delà .
Fiat ne déboursera pas un sou pour cette part et il n’est pas non plus question qu’il “renfloue Chrysler dans le futur”, alors que l’Américain vient d’obtenir un prêt d’urgence de 4 milliards de dollars (5,5 milliards en y ajoutant l’argent reçu par sa filiale financière) de la part de l’Etat fédéral.
Les deux groupes pourront aussi “tirer avantage de leurs réseaux respectifs de distribution”, Fiat comptant relancer aux Etats-Unis sa marque Alfa Romeo ainsi que sa Fiat 500 tandis que Chrysler souhaite se renforcer en Europe, et faire des économies d’échelle.
“Compatible” avec le prêt du Trésor américain, ce partenariat est “un élément clé” du plan de relance de Chrysler, souligne le communiqué.
L’américain, propriétaire des marques Jeep et Dodge, est le plus petit des trois constructeurs de Detroit et il est considéré comme le plus fragile. Il doit faire la preuve qu’il est économiquement viable d’ici la fin mars sous peine d’avoir à rembourser les fonds reçus.
Fiat n’aura pas attendu longtemps de son côté avant de mettre en oeuvre sa novelle stratégie, énoncée début décembre par son patron Sergio Marchionne.
Alors que le groupe ne croyait plus qu’aux “alliances ciblées”, nouées au cas par cas, depuis son divorce avec General Motors en 2005, M. Marchionne avait expliqué que la seule solution pour faire face à la crise actuelle était de grossir en nouant des alliances stratégiques ou des mariages.
“Cette initiative est une étape clé dans le changement rapide du paysage du secteur automobile et confirme l’engagement et la détermination de Fiat et Chrysler à continuer à jouer un rôle significatif dans ce processus”, a commenté M. Marchionne, cité dans le communiqué.
Le partenariat entre les deux groupes “crée la possibilité pour (l’émergence d’) un nouveau concurrent global et puissant en offrant à Chrysler de nombreux bénéfices stratégiques”, a déclaré de son côté le PDG de Chrysler, Bob Nardelli.
Même si l’action prenait 3,46% à 4,635 euros vers 14H30 (13H30 GMT), un analyste interrogé par l’AFP était sceptique.
“Qu’apporte Chrysler à Fiat concrètement ? Chrysler peut avoir besoin d’une gamme différente, cette partie de l’équation on peut la comprendre” mais “je ne pense pas qu’aujourd’hui l’urgence pour Fiat soit d’avoir accès au marché américain”, souligne, sous couvert de l’anonymat, cet analyste.
Par ailleurs, cette alliance va entraîner pour Fiat “la consolidation dans ses comptes des pertes de Chrysler pendant un certain temps”, ajoute-t-il, rappelant qu’en 2007, l’allemand Daimler avait cédé l’Américain à Cerberus pour se débarrasser d’une source de pertes.