Automobile : le gouvernement promet 5 à 6 mds EUR, veut des contreparties

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çois Fillon lors des états généraux de l’automobile, le 20 janvier 2009 à Paris (Photo : Eric Piermont)

[20/01/2009 18:39:39] PARIS (AFP) Le gouvernement a promis mardi 5 à 6 milliards d’euros d’aide, moyennant contreparties, aux constructeurs automobiles étranglés par la crise qui restent toutefois circonspects, dans l’attente du détail des mesures.

Le Premier ministre, François Fillon, a annoncé que l’aide de l’Etat en faveur de Renault et PSA serait au total de “l’ordre de 5 ou 6 milliards d’euros”, lors des premiers états généraux de l’automobile convoqués à Bercy pour réfléchir avec l’ensemble de la filière aux moyens de sortir ce secteur de l’ornière.

Mais il n’en a pas dévoilé les modalités précises, avant l’annonce, prévue début février, du plan de soutien à la filière. Ni dit si cette enveloppe incluait les mesures d’aides déjà annoncées ces derniers mois.

M. Fillon a averti qu’il n’y aurait “pas d’effort de l’Etat sans engagement des constructeurs”: “il n’est pas question que l’Etat vienne en aide à un constructeur qui déciderait de fermer purement et simplement un ou des sites de production en France”.

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çois Fillon et les dirgeants des groupes automobiles français, le 20 janvier 2009 à Paris (Photo : Eric Piermont)

Le gouvernement attend aussi des dirigeants et des actionnaires qu’ils renoncent à leurs bonus et dividendes, a précisé le secrétaire d’Etat à l’Industrie Luc Chatel, en échange de cette enveloppe qui couvrira les “besoins de trésorerie à court terme”.

Que l’Etat demande des contreparties, “c’est tout à fait naturel”, a réagi le PDG de Renault, Carlos Ghosn, répétant qu’il était “déterminé à maintenir ses actifs en France”.

Les autres participants sont restés dans l’ensemble prudents, attendant d’en savoir plus sur l’aide annoncée.

“Ce n’est pas un cadeau de 5 ou 6 mds” que fait l’Etat aux constructeurs, il s’agit de faciliter “une fluidité des crédits, c’est tout”, a estimé Michel Gornet, responsable des usines chez Renault.

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à Paris (Photo : Eric Piermont)

Mais au-delà des aides immédiates, il s’agit de rendre l’industrie automobile française compétitive, ont estimé les constructeurs comme le gouvernement.

Carlos Ghosn s’est ainsi prononcé pour une “suspension” de la taxe professionnelle, pour réduire la différence de coût entre les voitures produites en France et ailleurs.

Le président de PSA Christian Streiff a souhaité pour sa part une “aide dans la poursuite de la modernisation de l’outil industriel”, rappelant qu’il y a “en Europe de l’Ouest des unités industrielles anciennes, donc moins performantes”.

Le besoin de financement de PSA n’est pour le moment “pas résolu”, a-t-il ajouté.

De nombreux intervenants ont aussi insisté sur la nécessité de favoriser la formation dans le secteur automobile.

Selon M. Ghosn, la crise met “en jeu” la “survie d’un certain nombre de constructeurs, de fournisseurs et de distributeurs dans les mois à venir”. Et “il est impératif d’agir vite pour assurer la survie” de l’automobile française et européenne.

Un point de vue partagé par François Fillon, qui ne veut pas, comme à l’automne avec le plan d’aide aux banques, attendre plusieurs semaines avant d’obtenir le feu vert de Bruxelles.

Le Parti socialiste a jugé pour sa part les mesures prévues “insuffisantes” et “inadaptées”, car trop “axées sur l’aide aux grands constructeurs et équipementiers” au détriment des “salariés, consommateurs et PME sous-traitantes”.