[21/01/2009 08:57:16] PARIS (AFP)
à Paris le 20 janvier 2009 (Photo : Eric Piermont) |
Les dirigeants des principales banques françaises, au pied du mur, ont cédé mardi à l’injonction de Nicolas Sarkozy de renoncer à leurs bonus pour pouvoir bénéficier d’une nouvelle aide publique cruciale en temps de crise.
Le président de la République a salué l’engagement des banquiers, à l’issue d’une réunion avec ces derniers sur l’octroi d’une nouvelle tranche de prêts de 10,5 milliards d’euros à leurs établissements.
M. Sarkozy “a souligné l’importance de ces engagements dans la période de ralentissement économique actuelle et la nécessité pour les réseaux bancaires de pleinement collaborer avec les services du médiateur du crédit”, a indiqué l’Elysée dans un communiqué.
Le président de la Fédération bancaire française (FBF), Georges Pauget, également directeur général du Crédit Agricole, avait auparavant annoncé que les dirigeants des grandes banques s’étaient conformé à la requête présidentielle sur l’absence de rémunération variable pour 2008.
Dans l’après-midi le président de la Société Générale, Daniel Bouton, et son directeur général, Frédéric Oudéa, avaient annoncé qu’ils renonçaient à leur bonus, suivi en fin de journée par le Crédit Agricole qui a décidé de supprimer la part variable de la rémunération de M. Pauget.
Les dirigeants de BNP Paribas avaient été samedi les premiers à se conformer à la demande de M. Sarkozy, soucieux de ne pas priver leur établissement de la possibilité de renforcer ses fonds propres, alors que le rachat de Fortis, qui devait le permettre, est au point mort.
L’intiative ayant fait peu d’émules, la pression avait redoublé mardi après-midi. La ministre de l’Economie Christine Lagarde avait demandé aux banques de “limiter les dividendes versés aux actionnaires” et de “s’interdire de verser des bonus aux dirigeants” pour bénéficier d’un nouvel apport de 10,5 milliards d’euros de fonds publics.
“C’est très clair. Ce n’est pas de l’intention, c’est de l’action. Pas de dividendes”, avait-t-elle prévenu.
Le gouvernement a imposé le même engagement aux dirigeants des constructeurs automobiles, eux aussi aidés par l’Etat.
Lors du versement de la première tranche de 10,5 milliards d’euros en décembre, les banques s’étaient engagées à augmenter le montant de leur crédit de 3 à 4% en 2009 et à adopter le code éthique du Medef, censé mieux lier la performance des entreprises et la rémunération des patrons.
Mais, accusé de faire des cadeaux aux banques, le gouvernement s’est défendu en rappelant que l’Etat percevrait 800 millions d’euros d’intérêt au titre des 10,5 milliards d’euros prêtés en décembre.
Surtout, il a durci ses exigences, demandant cette fois que les dirigeants renoncent purement et simplement à leur bonus en contrepartie de l’aide fournie par l’Etat, fût-elle payante.
La question des bonus des dirigeants se posait surtout pour BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole car ce sont les seules banques qui devraient être largement bénéficiaires en 2008, selon les analystes.
Natixis devant afficher une perte en 2008, ses dirigeants, Dominique Ferrero et Philippe Dupont, ne toucheront pas de bonus, selon une porte-parole de la filiale commune aux Caisse d’Epargne et Banque Populaire. Au Crédit Mutuel-CIC, on précise que les dirigeants ne perçoivent pas de rémunération variable.