L’Allemagne, premier exportateur mondial, va souffrir cette année

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à Berlin (Photo : John Macdougall)

[21/01/2009 12:28:05] BERLIN (AFP) L’Allemagne sera en 2009 l’un des pays européens les plus durement touchés par la récession, à en croire des prévisions gouvernementales présentées mercredi, qui confirment la vulnérabilité du premier exportateur mondial face aux chocs extérieurs.

Le Produit intérieur brut (PIB) devrait reculer de 2,25% cette année, selon les prévisions de Berlin. L’an dernier, la croissance avait été de 1,3%.

Il s’agit de la “plus forte baisse dans l’histoire récente de l’Allemagne”, a souligné le ministre de l’Economie Michael Glos lors d’une conférence de presse.

La raison de cette contre-performance de la première économie européenne: sa très forte dépendance des exportations. Ces dernières ont déjà fortement reculé au quatrième trimestre 2008, souffrant de l’aggravation de la crise mondiale, a expliqué M. Glos. Pour 2009, il table sur un effondrement de 8,9%.

“Le vrai moteur de l’économie a toujours été les exportations, alors que la demande intérieure stagne”, relève Henrik Uterwedde, directeur adjoint de l’Institut français-allemand (DFI), rappelant qu’un emploi sur quatre dans le pays dépend des ventes à l’étranger.

Une force en temps de croissance mais dès que la tendance s’inverse, “l’Allemagne souffre davantage que d’autres pays”, poursuit-il. D’autant plus que “ses principaux partenaires sont en Europe et ils souffrent aussi de la récession”, souligne Stefan Kooths, économiste à l’institut DIW.

Autre mauvaise nouvelle, les investissements en équipement des entreprises devraient aussi nettement diminuer, de près de 12%, alors que ce secteur est un des points forts de l’économie allemande.

Concernant la consommation des ménages, qui est le traditionnel point faible, “nous avons deux raisons d’être optimistes”, a fait valoir M. Glos. Un “niveau très bas d’inflation”, imputable surtout à une accalmie des prix de l’énergie, et les baisses d’impôts et de cotisations assurance maladie décidées par le gouvernement qui devraient soutenir les dépenses, espère-t-il.

Il estime aussi que les plans d’aide à la conjoncture décidés par Berlin devraient soutenir l’économie, via des investissements dans les infrastructures ou encore une prime à la casse pour les voitures.

Le marché de l’emploi ne sera pas épargné: le nombre de chômeurs devrait augmenter de 500.000 à la fin de l’année, selon le ministre. En moyenne, le taux de chômage devrait monter à 8,4% sur l’année, contre 7,8% en 2008.

Le gouvernement va toutefois faire tout son possible pour que ce chiffre n’explose pas, note Gernot Nerb, économiste à l’Ifo, en cette année d’élections. Les conservateurs de la CDU et les sociaux-démocrates du SPD, qui gouvernent ensemble, s’affronteront en septembre pour la succession d’Angela Merkel (CDU) à la chancellerie.

Le ministre de l’Economie s’est aussi voulu rassurant pour la suite. Il s’attend à ce que l’économie mondiale redémarre l’an prochain mais a refusé de donner une prévision de croissance pour l’Allemagne, renvoyant à avril.

Pour les économistes, l’Allemagne est bien placée pour profiter d’une relance économique, même si elle va certainement souffrir cette année plus que ses grands voisins européens.

Les entreprises “sont robustes, compétitives”, explique M. Uterwedde, et le déficit public, même s’il va se creuser sous le coup des plans de relance, devrait rester ainsi dans les clous du Pacte de stabilité européen cette année. “Nous sommes toujours l’enfant modèle” de l’Union européenne, s’est félicité le ministre.

Mais plus pour très longtemps: le déficit public allemand devrait s’envoler à au-dessus de 4% du PIB l’an prochain.