éricain General Motors (Photo : Patrick Hertzog) |
[21/01/2009 17:17:43] NEW YORK (AFP) General Motors (GM) a perdu en 2008 la couronne de premier constructeur automobile mondial qu’il détenait depuis des décennies, mais le groupe américain a bien d’autres préoccupations en tête, puisqu’il lui faut lutter pour sa survie même.
Avec 8,35 millions de véhicules vendus l’an dernier, contre 8,97 millions pour le Japonais Toyota, le constructeur de Detroit a dû changer sa communication, ne se présentant plus que comme “l’un des plus grands constructeurs automobiles du monde, fondé en 1908”.
Cela faisait 77 ans que GM se revendiquait premier constructeur automobile de la planète. S’il avait conservé son rang de justesse 2007, les jeux étaient déjà faits à l’issue du premier semestre 2008.
Avant même la publication de ces statistiques, le président de GM Fritz Henderson avait prévenu qu’il ne s’en étonnerait guère, et ne s’en inquièterait pas plus.
“J’ai déjà remarqué il y a un bon moment qu’ils nous avaient dépassés en termes de capitalisation, de marge brute et de rentabilité”, avait-il souligné mardi soir lors d’une conférence.
“Honnêtement, ce n’est pas une mesure à laquelle je fais très attention, ce qui est beaucoup plus important pour moi c’est comment faire pour que GM réussisse”, avait-il ajouté.
Car, plus que jamais, General Motors semble au bord du gouffre.
Le constructeur, qui n’a déjà dû qu’à un prêt relais de 4 milliards de dollars débloqué le 31 décembre de passer l’année, a indiqué qu’il avait encore rapidement besoin du reste de l’aide annoncée il y a un mois. Il attend encore 5,4 milliards de dollars ce mois-ci, et quatre milliards en février.
“Si nous n’obtenons pas la deuxième tranche de financement, nous serons à court de liquidités”, a expliqué M. Henderson.
Faute de fonds supplémentaires (en plus des 4 milliards débloqués le 31 décembre), “nous serions à court de liquidités à court terme, sûrement bien avant le 31 mars”, a-t-il ajouté.
C’est le 31 mars au plus tard que GM doit prouver aux autorités fédérales qu’il peut être viable financièrement. A défaut, il devra rembourser le contribuable pour tous les fonds débloqués depuis décembre.
Parallèlement à ces difficultés de trésorerie, GM doit faire face à “des pressions économiques mondiales, notamment un resserrement du crédit, la chute du prix des matières premières et l’absence de croissance”, autant de facteurs qui pèsent sur ses ventes, a-t-il expliqué pour expliquer le recul de 11% de ses ventes mondiales.
GM a également souligné que l’ensemble du marché souffrait, avec 3,5 millions de voitures en moins vendues en 2008.
C’est ainsi que Toyota s’est paradoxalement hissé au premier rang mondial alors même qu’il enregistrait un reflux de 4% de ses immatriculations.
Toyota, qui s’estime victime d’une crise “d’une ampleur sans précédent en 100 ans”, se prépare à enregistrer la première perte d’exploitation de son histoire, même si ses difficultés financières sont sans commune mesure avec celles de Detroit.
Rien qu’au quatrième trimestre, les ventes mondiales de GM ont reculé de 26%, un chiffre largement dû à l’effondrement du marché nord-américain.
L’augmentation des ventes de 3% en Asie-Pacifique, en Amérique latine et en Afrique n’a pu compenser l’effondrement de 21% aux Etats-Unis, combiné au recul de 7% enregistré en Europe.
GM écoule désormais près des deux tiers de sa production hors des Etats-Unis: 64% en 2008, contre 59% en 2007, avec une évolution particulièrement prometteuse dans les grands marchés émergents. Ses ventes ont bondi de 10% au Brésil, de 30% en Russie, de 9% en Inde et de 6% en Chine.
L’action de GM chutait de 8%, à 3,22 dollars, en fin de matinée à la Bourse de New York.