La consommation des ménages s’essouffle, interrogations sur la croissance

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[22/01/2009 12:31:27] PARIS (AFP) La consommation des ménages a nettement ralenti en 2008 et a même reculé au dernier trimestre, une nouvelle qui risque d’aviver la polémique sur l’opportunité de soutenir le pouvoir d’achat des ménages pour doper la croissance, comme le réclame l’opposition.

Selon l’Insee, les dépenses de consommation des ménages en produits manufacturés ont baissé de 0,9% en décembre par rapport à novembre. Soit une diminution de 0,5% sur l’ensemble du quatrième trimestre 2008, époque où la crise internationale a touché de plein fouet l’économie française.

L’Insee prévoyait initialement un recul de 0,8% au dernier trimestre.

Par rapport à décembre 2007, la consommation accuse sa première baisse (-1,7%) depuis septembre 1997, mais “ne s’écroule” pas pour autant, note l’économiste Marc Touati.

Au total, en 2008, la consommation en produits manufacturés, qui représente environ un quart de la consommation des ménages, a nettement ralenti, progressant de 1,2% après 4,4% en 2007, relève l’Institut national de la statistique.

“L’atonie de la consommation depuis le début de l’année est liée au pouvoir d’achat du revenu des ménages qui a fortement ralenti, puis s’est replié courant 2008, ainsi qu’à la dégradation des perspectives de chômage”, selon l’Insee.

Ce “freinage des dépenses en 2008” s’explique également par la crise financière qui a fortement pesé sur le moral des ménages, resserré l’accès au crédit et amorcé un retournement du marché de l’immobilier, ajoute l’économiste Nicolas Bouzou.

Selon lui, la consommation des ménages stagnerait en 2009, parallèlement à un recul du PIB de l’ordre de 1,0%.

Mais “pour l’instant, la situation, même si elle se complique, n’est donc pas suffisamment dégradée pour exiger un plan de relance spécifiquement axé sur la consommation des ménages”, estime-t-il.

Avis partagé dans l’entourage de la ministre de l’Economie, Christine Lagarde, où l’on juge la consommation des ménages français “très, très loin d’être catastrophique.”

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é, le 13 octobre 2008 à Ifs (Photo : Mychele Daniau)

“On a une consommation qui résiste plutôt pas mal pour l’instant, dans un contexte qui reste très défavorable”, ajoute-t-on, citant en exemple le “décrochage” des ventes au détail en Allemagne ou aux Etats-Unis.

Dans ces conditions, Bercy juge inutile de nouvelles aides aux ménages les plus pauvres, comme l’a réclamé le Parti socialiste dans son “contre plan de relance”. “Le soutien à la consommation est déjà massif via la baisse des prix”, le net reflux de l’inflation amorcé en fin d’année (1,0% en décembre après un pic à 3,6% à l’été 2008) ayant “un effet direct sur le pouvoir d’achat des salaires”.

“Augmenter le pouvoir d’achat encore plus, ça passerait dans l’épargne”, ajoute-t-on au ministère.

Selon Alexander Law, économiste chez Xerfi, “pour sortir de l’ornière, l’économie française a besoin au contraire que les ménages ne lâchent pas prise et continuent de dépenser” car elle “ne peut pas espérer croître sans le soutien” de son principal moteur.

Le ministre chargé de la Relance, Patrick Devedjian, a estimé jeudi que la croissance de l’économie française serait “autour de zéro” en 2009, alors que le gouvernement maintient pour l’instant officiellement sa prévision comprise entre 0,2 et 0,5%.

“Tout coup de pouce gouvernemental, éventuellement dans le cadre d’une extension du plan de relance, serait le bienvenu”, à condition de cibler “les ménages à la plus forte propension à consommer”, juge M. Law.