Après dix années euphoriques, l’immobilier ancien baisse en France

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à Paris, de panneaux indiquant la mise en vente d’appartements anciens (Photo : Patrick Kovarik)

[22/01/2009 15:30:03] PARIS (AFP) Après dix années euphoriques, qui ont vu les prix doubler, le marché de l’immobilier ancien en France, à l’exception notable de Paris, chute tant pour les transactions que pour les prix.

Les chiffres publiés jeudi par la Chambre des notaires de Paris-Ile-de-France confirment les estimations récentes des plus grands réseaux d’agences immobilières.

Pour la seule région Paris Ile-de-France, la Chambre des notaires annonce une stabilité des prix pour 2008 par rapport à 2007 et prévoit une baisse de 5% en 2009. Ces chiffres, les derniers à être publiés, sont incontestables puisqu’ils enregistrent toutes les ventes définites.

Un peu plus tôt dans le mois, la Fédération nationale de l’immobilier (FNAIM) avait annoncé une chute des prix de 3,1% en 2008 et de 10% pour 2009.

Orpi, premier réseau de France, a enregistré une baisse entre 3 et 5% en 2008 et prédit une nouvelle baisse entre 5 et 10% pour 2009. Quant à Century 21 (Nexity), le réseau estime que la chute sera comprise entre 6 et 10% en 2009 après une baisse de 1,63% en 2008.

Ces baisses – plus sensibles pour les maisons que pour les appartements – rappellent celles de la précédente crise de l’immobilier lorsque les prix avaient chuté de 40% entre 1991 et 1997, avant de connaître une hausse ininterrompue avec un record de +15,5% en 2004.

Outre les prix, l’activité du secteur est également en chute libre. Nationalement, “les transactions ont chuté de 18% en 2008”, relève Michel Mouillart, professeur d’économie à Paris X Nanterre, passant de plus de 700.000 à 575.000.

Pour la région IDF, les notaires en prévoient 180.000 en 2009 contre 202.000 en 2008, soit une baisse d’un peu plus de 10%, après une diminution de 16% par rapport à 2007 (235.000).

Cette baisse d’activité se traduit immédiatement par un nombre important, évalué de 25 à 30 % pour 2009, de fermetures d’agences immobilières.

Dans ce tableau sombre – pour les vendeurs – une seule exception notable échappe à la baisse, Paris où les prix continuent d’augmenter. Selon les notaires, la hausse a atteint 4 à 5% en 2008.

Pour Bernard Cadeau, patron d’Orpi, le marché de la capitale est atypique, “la demande y est encore sensiblement supérieure à l’offre”, contrairement au reste du territoire.

En outre, “sur Paris, il y a une très forte proportion de ménages qui ne recourent pas, ou peu, à l’emprunt pour acheter”, fait remarquer Michel Mouillart, mettant ces acheteurs à l’abri de la question du prêt.

De fait, le retour de l’activité dans l’immobilier dépendra surtout de l’attitude des établissements bancaires envers les acquéreurs. Avant la crise, les banques rivalisaient pour prêter pour un achat immobilier, s’assurant ainsi la fidélité d’une clientèle sur des années.

Depuis l’effondrement des marchés – et singulièrement du secteur bancaire – “les banques qui prêtaient avec des taux d’apport personnel très bas, sont aujourd’hui beaucoup plus exigeantes en matière d’apport personnel”, explique Michel Mouillart.

“C’est mécanique”, ajoute Bernard Cadeau, “99,9% du marché immobilier, c’est le crédit, si les banques ne prêtent pas, les ventes continueront à d’effondrer”. “C’est un phénomène d’urgence pour 2009”, ajoute-t-il, car “la demande existe toujours, mais 20 à 25% de nos clients n’ont pas pu réaliser d’opération immobilière en 2008 faute d’obtenir un crédit”.

Cependant, la sortie de crise ne pourra intervenir que “lorsque les acquéreurs et les vendeurs seront rassurés sur leur avenir”, insiste Michel Mouillart.