La Chine et son yuan dans le collimateur d’Obama

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ésident américain Barack Obama, le 22 janvier 2008 à Washington (Photo : Saul Loeb)

[22/01/2009 17:51:45] WASHINGTON (AFP) La Chine, sa devise et son énorme excédent commercial se sont retrouvés jeudi dans le collimateur de l’administration Obama dès son arrivée aux affaires, même si Washington a reconnu avoir besoin de Pékin pour relancer l’économie mondiale.

Le géant asiatique, désormais troisième puissance économique mondiale, a occupé une large place lors de l’audition de Timothy Geithner par la commission des Finances du Sénat, qui a approuvé jeudi sa nomination au poste de secrétaire au Trésor.

“Le président Obama — appuyé en cela par les conclusions d’un grand nombre d’économistes — pense que la Chine manipule sa devise”, a déclaré M. Geithner devant des sénateurs très remontés contre la sous-évaluation supposée du yuan, accusée de soutenir artificiellement les exportations chinoises.

“Le président Obama s’est engagé (…) à recourir intensivement à toutes les voies diplomatiques disponibles pour obtenir un changement dans les pratiques de la Chine en matière de devises”, a déclaré M. Geithner, qui a déclaré au passage qu’un “dollar fort est de l’intérêt national” des Etats-Unis

Pékin, dont la monnaie s’est appréciée d’environ 20% face au dollar depuis 2005, a semblé ces dernières semaines vouloir renverser la tendance.

M. Geithner a rappelé que lorsque Barack Obama siégeait au Sénat, il avait approuvé une proposition de loi prévoyant des sanctions commerciales contre les Etats jugés coupables de manipuler le cours de leur devise.

Une telle loi empêcherait “des pays comme la Chine de continuer à violer en toute impunité les principes du libre-échange”, a souligné M. Geithner, deux jours après l’investiture du nouveau président.

Le futur ministre a toutefois fait montre de prudence.

“La question est de savoir comment et quand aborder ce sujet afin de faire plus de bien que de mal. La nouvelle équipe économique prépare une stratégie intégrée pour parvenir à un réalignement des changes dans la situation économique actuelle”, a annoncé le futur grand argentier, dont la nomination doit encore être approuvée par l’ensemble des sénateurs.

M. Geithner a surtout reconnu l’importance de la Chine dans la relance de l’économie mondiale, appelant ce pays à soutenir sa consommation intérieure.

“A court terme, il faut une relance coordonnée afin de soutenir la demande ici comme en Chine”, a lancé le successeur d’Henry Paulson, qui devrait mettre en oeuvre un gigantesque plan de relance de 825 milliards de dollars.

“Une fois que la demande sera stabilisée, il faudra un dialogue constructif avec la Chine afin d’aider ce pays à avancer vers une croissance qui repose davantage sur la consommation intérieure et moins sur les exportations”, a-t-il expliqué.

“Si ma nomination est confirmée, je m’engage à mettre en place une coopération étroite entre nos hauts responsables économiques afin qu’ils s’attèlent aux différends (avec Pékin) et résolvent les problèmes”, a déclaré M. Geithner.

Cette coopération porterait sur les questions de changes, les violations de la propriété intellectuelle, la sûreté des produits et les barrières non-tarifaires, mais aussi sur l’énergie et l’environnement.

Le déficit commercial des Etats-Unis a baissé de 28,7% en novembre (dernière statistique disponible) par rapport au mois précédent, pour revenir à 40,4 milliards de dollars. Pour la première fois de 2008, le déficit avec la Chine, premier partenaire commercial de Washington, s’est inscrit en baisse ce même mois, de 17,5%, à 23,1 milliards de dollars.