La banque belge KBC renflouée pour la deuxième fois en trois mois

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ège de la banque KBC, le 7 octobre 2008 à Bruxelles (Photo : John Thys)

[22/01/2009 18:15:58] BRUXELLES (AFP) Le secteur bancaire belge aura-t-il besoin d’un “deuxième tour” d’aides publiques? L’une des grandes banques du pays, KBC, va en tout cas être renflouée sur fonds publics pour la deuxième fois en trois mois, pour 2 à 3,5 milliards d’euros.

L’Etat belge avait déjà injecté 3,5 milliards d’euros fin octobre.

Dans un accord signé jeudi, la région flamande, berceau de KBC, accepte à son tour de mettre la main au portefeuille: elle paiera 2 milliards d’euros dans un premier temps, avec une possibilité d’injection supplémentaire de 1,5 milliard.

“Etant donné l’importance de KBC pour les entreprises et familles flamandes, et le caractère fondamentalement sain du groupe, le gouvernement flamand estime que cette transaction est nécessaire pour la prospérité et le bien-être de la Flandre”, a commenté le chef du gouvernement flamand, Kris Peeters.

“Le gouvernement flamand a choisi d’intervenir avant d’être confronté à de vraies difficultés”, a-t-il ajouté.

“Il est crucial que l’économie flamande traverse cette période sans accrocs”, a insisté le vice-chef du gouvernement flamand, Frank Vandenbroucke.

Le patron de KBC, André Bergen, affirmait mardi encore qu’il n’y avait “pas de discussion avec le gouvernement, ni flamand, ni fédéral”, sur une injection de capital. Et jeudi, KBC disait vouloir attendre ses résultats annuels, en février, pour “si besoin” renforcer son capital.

Mais KBC était dans une mauvaise passe: son cours de Bourse s’est effondré de 63% en quatre séances pour clôturer mercredi soir à 7,50 euros, loin des 60 euros affichés en septembre, juste avant que la tempête financière frappe l’Europe.

Les investisseurs s’inquiétaient de l’exposition de la banque sur des marchés jugés risqués, comme l’Irlande ou l’Europe centrale et orientale.

Surtout, ils anticipaient de nouvelles pertes liées au portefeuille d’obligations complexes de type CDO (“collateralized debt obligation”), pour lequel KBC avait déjà provisionné fin décembre une perte nette de 900 millions d’euros.

Jeudi, KBC a annoncé qu’elle liquidait la valeur de ses CDO.

“Une fois pour toutes, nous avons décidé de mettre fin à ce problème en mettant le portefeuille à zéro”, a expliqué André Bergen à la radio RTBF. “Il n’y a plus de doute sur la valeur, donc ça devrait enlever un élément d’inquiétude”.

KBC a prévenu dans la foulée que, suite aux dépréciations successives, il accuserait pour l’année 2008 une perte nette d’environ 2,5 milliards d’euros, et évoqué un recentrage sur son activité traditionnelle de banque de détail.

Le traitement de choc a soulagé les boursiers: l’action rebondissait de 49,91% à 11,24 euros jeudi à la clôture.

Si KBC semble momentanément tirée d’affaire, le secteur bancaire européen reste dans une zone de turbulence.

Le Royaume-Uni a déjà présenté un deuxième plan pour ses banques et l’Allemagne y travaille, selon le quotidien Handelsblatt.

En Belgique, le sort de Fortis, première banque du royaume, est particulièrement incertain.

Ses actionnaires belges se prononceront le 11 février sur la vente par appartement des principaux actifs du groupe à l’Etat néerlandais et au concurrent français BNP-Paribas.

Le risque d’un vote négatif est réel et pourrait obliger le gouvernement belge, qui avait orchestré le démantèlement en octobre, à renégocier.

Dans ce contexte, l’idée de créer une “grande banque belge”, réunissant les actifs de Fortis et Dexia notamment, retrouve des partisans. Mais le ministre des Finances Didier Reynders l’a écartée la semaine dernière.

Il plaide en revanche pour un “deuxième tour” d’aides au secteur bancaire, évoquant parmi les pistes possibles de nouvelles injections de capitaux ou l’isolation des actifs à risques des banques.

Le gouvernement fédéral réserve pour l’instant sa décision.