Hôtellerie-restauration : une fin 2008 difficile, un début 2009 noir

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é de Nîmes sous la neige, le 7 janvier 2009 devant les arènes (Photo : Pascal Guyot)

[22/01/2009 19:40:10] PARIS (AFP) Rien ne va plus pour les cafés, hôtels et restaurants où l’activité est en chute de 10, 15 voire 20% depuis l’automne et semble encore baisser en ce début d’année, selon les professionnels du secteur contactés par l’AFP.

Alors que les représentants de la restauration se retrouvent à partir de samedi à Lyon pour le salon Sirha, la profession met en place des cellules de crise pour répondre aux adhérents confrontés à des difficultés avec leur banquier, obligés de recourir au chômage partiel, voire aux licenciements.

La baisse est de “moins 15 à moins 20%” sur le chiffre d’affaires des derniers mois de 2008 et du début de l’année, affirme le Synhorcat, le syndicat des hôteliers, restaurateurs cafetiers et traiteurs. De 10 à 15%, d’après la Confédération des professionnels indépendants de l’hôtellerie.

Selon Gira Conseil, un cabinet d’études spécialisé, le recul, tous secteurs confondus, est de “7 à 12% sur le second semestre 2008 par rapport à 2007”. “C’est énorme”, souligne le directeur de Gira Conseil Bernard Boutboul, interrogé par l’AFP.

Seule la restauration rapide tire son épingle du jeu, du fait de ses prix.

Selon Bernard Boutboul, le consommateur zappe de plus en plus entre le bas de gamme et la restauration dite “de plaisir”, plus chère, délaissant le secteur du moyenne gamme (17 à 27 euros de dépense moyenne par personne, boissons comprises).

“Depuis la crise, les gens sortent de moins en moins mais quand ils le font, ils préfèrent ne pas prendre de risques et donc montent de gamme”, explique-t-il, estimant qu’une soirée “festive” de ce type coûte 30 euros par personne.

L’hôtellerie est également touchée avec une baisse de 7 à 8% du taux d’occupation des 2 à 4 étoiles entre novembre 2007 et novembre 2008 en province et de 12,6% à Paris, selon Christine Pujol, présidente de l’Union des métiers de l’industrie hôtelière (Umih).

Le nombre de défaillances d’entreprises dans le secteur des cafés, hôtels et restaurants a d’ailleurs augmenté de 13,8% en 2007 et 2008, selon la société Altarès, spécialisée dans l’information sur les entreprises.

La situation s’est encore aggravée depuis le début de l’année, selon l’Umih, dont la cellule de crise répond aux nombreux adhérents qui demandent conseil face à “des difficultés de trésorerie, du chômage partiel, voire des licenciements”, ajoute Mme Pujol.

Le recul du chiffre d’affaires “enregistré fin 2008 se poursuit”, confirme Franck Trouet, directeur général du Synhorcat. Et désormais la crise ne touche pas seulement les établissements les plus fragiles mais aussi “des affaires installées qui jusqu’ici fonctionnaient bien”, souligne-t-il.

Des établissements très populaires sont affectés, comme les Restaumarché, l’enseigne de restauration du groupe de distribution Les Mousquetaires. “Le chiffre d’affaires a baissé de 10% sur les trois premières semaines de 2009” selon Michel Pattou, président du groupe.

A l’inverse, la restauration rapide a gagné des consommateurs ces derniers mois. “Le cadre supérieur redécouvre le sandwich, qu’il avait délaissé, ainsi que le plateau-repas de son entreprise”, précise M. Boutboul.

Autre tendance forte depuis septembre 2008: “le retour de la gamelle”. “Entre 10 et 12% des actifs en France amènent à leur travail quelque chose de chez eux: ça peut aller du sandwich et de la pomme, à la salade de pâtes préparée la veille ou au plat cuisiné”, détaille-t-il.