érôme Kerviel et l’un de ses avocats Francis Tissot arrivant le 22 janvier 2009 au pôle financier du tribunal de Paris (Photo : Bertrand Langlois) |
[22/01/2009 21:25:19] PARIS (AFP) Les juges chargés de l’enquête sur les falsifications aux dépens de la Société générale ont procédé jeudi à la dernière audition prévue de l’ancien trader Jérôme Kerviel, qui a formellement démenti des propos lui étant prêtés dans Le Parisien le jour même.
Le trader a été confronté durant cinq heures dans la matinée à son supérieur hiérarchique direct à la Société Générale, Eric Cordelle, avant d’être entendu pendant plus de cinq heures dans l’après-midi sur le fond du dossier par les juges Renaud van Ruymbeke et Françoise Desset.
Les magistrats souhaitent pouvoir boucler leur instruction avant la fin de mois, même si Jérôme Kerviel et ses avocats espèrent la voir se poursuivre.
“L’instruction est encore en cours. Il y a des demandes d’actes qui sont formulées. Nous verrons si, cette fois, elles auront plus de chance de prospérer que précédemment”, a annoncé dans la soirée Me Bernard Benaïem, l’un des avocats du trader, en expliquant que son client avait exprimé dans une longue déclaration “son insatisfaction au regard des investigations qui n’avaient pas été menées”.
“C’est un dossier qui est important pour la justice, pour l’opinion publique et pour l’histoire, quand on voit l’état dans lequel est le système financier actuel”, a-t-il ajouté.
En fin de matinée, Me Eric Dupond-Moretti, autre avocat de Kerviel, a déploré devant la presse que son client reste le seul mis en cause à l’issue de la confrontation.
“Les rats ont tous quitté le navire”, a-t-il lancé en expliquant que chacun au sein de la banque se renvoyait la responsabilité. “On ne sait plus véritablement qui fait quoi, et Jérôme reste seul avec sa responsabilité pénale, bien seule et bien lourde”, a-t-il déclaré.
Cette journée d’audition avait débuté sur une polémique née de la publication jeudi par le Parisien de propos de Jérôme Kerviel sur l’affaire recueillis “au cours de plusieurs entretiens”.
Le trader a immédiatement démenti auprès de l’AFP avoir accordé une interview au quotidien.
“Le peu que j’ai lu m’a fait bondir, je n’ai jamais donné d’interview. Ce sont des phrases sorties de leur contexte, des morceaux mis bout à bout. Ce qui est déclaré dans le journal n’est pas ma vérité”, a-t-il déclaré en évoquant “un coup monté”.
Mais Me Dupond-Moretti l’a contredit en fin de matinée en déclarant aux journalistes que les propos rapportés avaient bien été tenus, même si “la date de la publication n’avait pas été envisagée”.
“Quand on parle à un journaliste, on sait que ses propos sont susceptibles d’être publiés, sinon un parle à un ami ou à son épicier”, a lancé l’avocat interrogé par la presse sur la nécessité d’obtenir un accord avant publication.
Le Parisien avait assuré auparavant à l’AFP que “ce qui est paru” était “le compte-rendu pesé, réfléchi, responsable des six conversations (d’une) journaliste avec Jérôme Kerviel”, Dominique de Montvalon, directeur adjoint de la rédaction, estimant avoir “le sentiment d’avoir servi l’information et pas desservi M. Kerviel”.
La révélation le 24 janvier 2008 de ce qui était alors la plus grosse perte de trading de l’histoire de la finance (4,9 milliards d’euros) avait suscité l’intérêt des médias du monde entier.
Dans Le Parisien, les propos attribués à Kerviel font notamment état de son “sentiment d’une instruction sponsorisée par la Société générale”.
“C’est elle qui fournit les pièces sur lesquelles s’appuie le juge Renaud van Ruymbeke. Les expertises indépendantes que nous réclamons sont refusées”, affirme-t-il dans le quotidien.