é le 8 juillet 2008 au siège du groupe à Munich (Photo : Oliver Lang) |
[23/01/2009 12:53:53] BERLIN (AFP) Le groupe allemand Siemens s’apprête à céder sa participation dans Areva NP, la filiale de réacteurs du groupe français Areva, marquant ainsi la fin de son aventure dans l’énergie nucléaire, impopulaire en Allemagne.
Siemens veut faire jouer une option de vente sur la part de 34% qu’il détient dans cette co-entreprise avec Areva, et qui est estimée à 2 milliards d’euros, selon des sources proches du dossier.
Le conseil de surveillance de Siemens doit aborder ce sujet lors d’une réunion lundi, a indiqué un porte-parole, la veille de l’assemblée générale de ses actionnaires à Munich (sud).
Le conglomérat estime ne pas avoir suffisamment les mains libres pour pouvoir agir au sein de cette joint-venture, a expliqué une source proche de l’entreprise. Pour autant, il ne faut pas voir dans ce retrait une raison “politique”, a-t-elle assuré.
Selon les quotidien Echos, qui a révélé l’affaire, la chancelière Angela Merkel aurait pourtant appelé le président français Nicolas Sarkozy sur ce dossier. Une information que n’a pas voulu commenter le porte-parole du gouvernement allemand, pour qui la décision d’un éventuel retrait d’Areva NP est uniquement du ressort des entreprises.
La relation franco-allemande n’a pas toujours été facile et Nicolas Sarkozy avait fait part à plusieurs reprises de sa volonté de racheter la participation de Siemens. Son but : créer un champion industriel français avec Alstom et Bouygues.
Pour Siemens, ce retrait marquerait la fin d’une aventure commencée à la fin des années 1980, lorsqu’il s’est associé avec le français Framatome pour développer l’EPR, un réacteur nucléaire de troisième génération.
En 2001, les deux groupes rassemblent leurs activités nucléaire en France, en Allemagne et aux Etats-Unis. Le français contrôle 66% du nouvel ensemble et Siemens 34%.
Pour autant, Siemens ne peut pas renoncer complètement à l’énergie nucléaire, estime Bernd Laux, analyste chez Chevreux. Et ce malgré l’opposition que ce thème suscite en Allemagne. Le gouvernement s’est engagé à renoncer à ses centrales, mais cette décision, qui fait l’objet d’un accord entre les conservateurs (CDU) et les sociaux-démocrates (SPD) au pouvoir fait l’objet de plus en plus de critiques. Le lobby industriel aimerait en effet voir Berlin revenir sur ce choix et la chancelière conservatrice Angela Merkel l’avait elle-même qualifié de “ridicule”.
“Le groupe va devoir trouver un nouvel accès à cette technologie, en liant un partenariat avec un concurrent d’Areva”, estime M. Laux.
Il serait très long et difficile pour Siemens de développer seul la technologie nécessaire, alors qu’il y a peu d’experts en le domaine dans le pays, selon l’analyste.
Pour un autre analyste, qui a requis l’anonymat, Siemens s’enlève en tout cas une épine du pied alors que le projet principal d’Areva NP, la construction d’un réacteur EPR en Finlande, accumule les retards.