Presse écrite : Sarkozy annonce un plan d’urgence face à la crise

[23/01/2009 15:25:16] PARIS (AFP)

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ôture des états généraux de la presse, le 23 janvier 2008 à Paris (Photo : Gérard Cerles)

Face à l'”urgence” de la crise de la presse écrite en France dans un contexte économique “dégradé”, Nicolas Sarkozy a annoncé vendredi un plan de soutien de l’Etat de 600 millions d’euros, à charge pour les acteurs du secteur de mener des réformes en profondeur à l’ère du numérique.

L’aide de l’Etat représentera un total de 200 millions par an pendant trois ans, hors coût des mesures sur l’imprimerie, selon une source proche du dossier.

Clôturant les états généraux de la presse qu’il avait lancés à l’automne, le chef de l’Etat a estimé que l’Etat avait le “devoir” de soutenir un secteur qui emploie 100.000 salariés.

Parmi les aides exposées pour répondre à “l’urgence créée par l’effondrement des perspectives publicitaires”: le report d’un an de l’augmentation des tarifs postaux (coût: 24 M), la réorientation des dépenses de communication institutionnelle de l’Etat “en les doublant”, un soutien aux marchands de journaux (60 M EUR) et au portage à domicile (80 M au total), “la clé de la presse quotidienne”, selon lui.

Autre mesure, en direction du public: chaque jeune Français bénéficiera d’un abonnement gratuit à un quotidien de son choix pendant l’année de ses 18 ans, à titre expérimental.

Globalement, il n’a pas été question de “rupture avec le passé”, comme s’en est félicité le secrétaire général de la Filpac-CGT (ouvriers du Livre) Michel Muller.

Les mesures annoncées font partie des 90 recommandations du Livre vert des états généraux, qui ont réuni 150 représentants de la profession (journalistes, éditeurs, ouvriers du Livre..) pour aider la presse à sortir de la crise financière et de confiance qu’elle traverse.

A plusieurs reprises, le chef de l’Etat a engagé les différentes parties à poursuivre le dialogue, sur des points qu’il s’est gardé de trancher, que ce soit dans les négociations dans les imprimeries ou sur l’adoption d’une charte de déontologie.

M. Sarkozy s’est ainsi déclaré satisfait de la volonté des partenaires sociaux de la presse à négocier “un nouveau contrat social” dans les imprimeries, avec pour objectif de réduire de 30 à 40% le coût de l’impression.

L’Etat “désignera si nécessaire une personnalité chargée d’accompagner la négociation au nom de l’Etat” et “contribuera à l’investissement requis”, à condition toutefois qu'”un plan national de rationalisation et de mutualisation des imprimeries soit mis en oeuvre”.

Le président de la République a annoncé par ailleurs la création d’un statut d’éditeur de presse en ligne et l’augmentation de l’aide de l’Etat au développement des journaux sur internet (coût: 20 M).

Il a annoncé également que le régime des droits d’auteur des journalistes serait adapté à l’ère numérique, avec le remplacement d’un droit lié à la publication dans un support par un droit lié à un temps d’exploitation.

M. Sarkozy a enfin retenu l’idée des états généraux “d’expérimenter pendant six mois, mais sans toucher à la loi Bichet (de 1947)” des formes alternatives de distribution. De même, la législation anti-concentration ne sera pas modifiée, sauf sur le point particulier visant à permettre aux investisseurs de l’extérieur de l’Union européenne de posséder plus de 20% d’un titre français.

La profession a accueilli le plan favorablement dans l’ensemble, tant du côté des éditeurs que des distributeurs, même si le Forum de la société des journalistes estime au contraire que M. Sarkozy “privilégie les intérêts des investisseurs au détriment des rédactions”.